Au nom de l’humanité. L’audace mondiale

PETRELLA Ricardo, Ed. Couleur Livres, 2015, 216 p.

Le diagnostique de Riccardo Petrella est lucide et sans concession. Si notre économie globalisée va à la dérive, cela tient à de nombreux facteurs tout aussi inquiétants les uns que les autres. La militarisation de l’humanité : en 2014, les budgets annuels de la défense nationale dans le monde ont atteint 1.774 milliards de $. L’accroissement des inégalités s’aggrave avec le démantèlement des politiques de santé, d’éducation, de sécurité sociale et de logement, au nom de la compétitivité qu’impose un marché tout-puissant. L’appropriation privée des terres, des semences, de l’eau et des sources énergétiques qui traite toute forme de vie comme une marchandise à vendre. L’exploitation dévastatrice des ressources naturelles : en 2015, notre monde a épuisé son budget écologique annuel le 13 août (contre le 21 octobre en 1993). La perte progressive de tout contrôle tant économique que politique sur le capital financier dont la puissance croit avec la libéralisation, la dérégulation et la privatisation galopantes. La suprématie des Transactions financières de hautes fréquences permettant en quelques millièmes de seconde de gagner par la spéculation des centaines de milliers de $. A tout cela il est vital d’opposer le sentiment d’appartenir à une entité commune, la volonté d’agir en tout à partir des droits humains et l’impératif de remplacer dans tous les dimensions de la vie commune la rentabilité du capital par le bien commun. Il est impossible de réaliser cette ambition au nom de Dieu, au nom du Peuple ou de la Nation, pas plus qu’au nom de l’Argent, mais au nom de l’Humanité. Contre les classes dirigeantes responsables des impasses qu’il dénonce, Riccardo Petrella en appelle à un changement radical dont le programme tient dans le « Contrat Mondial de l’Humanité » qu’il propose.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1204 ■ 30/03/2017