Inégalités

ATKINSON Anthony B., Ed. Seuil, 2016, 446 p.

Généralement ignorée par les économistes, la question des répartitions des richesses portée est au centre de la démonstration d’Anthony B. Atkinson, chercheur à la renommée internationale. La finalité de son propos consiste à exposer les moyens pour réduire l’ampleur des inégalités. Si l’auteur propose un état des lieux lucide et perspicace, de plus en plus reconnu, les propositions concrètes qu’il avance sont tout particulièrement audacieuses et iconoclastes. Initiée aux USA par le New Deal comme réponse à la crise de 1929 et généralisée à la libération à travers l’État providence, la politique de transfert massif de revenus a permis de faire notablement reculer les inégalités. Financée par l’impôt progressif, elle a réduit l’écart entre les plus riches et les plus pauvres. La tendance s’est inversée dans les années 1980/1990, sous l’effet conjuguée des gouvernements Thatcher, Reagan et Mitterrand. La réduction massive des impôts des plus aisés, qui ont vu leur taux maximum d’imposition passer de 83 % à 40 % en Grande Bretagne et de 70 % à 35 % aux USA, ont eu pour effets un fort accroissement les inégalités, avec comme effets concrets l’augmentation des différences de revenus, le renforcement des grandes fortunes, l’appauvrissement des plus précaires ou encore la diminution de la part des salaires dans la richesse nationale … Anthony B. Aichorn démontre comment il est possible de porter le taux d’imposition pour les hauts revenus à 65%, de taxer les héritages et les donations entre vifs au moyen de l’impôt progressif, de relever le niveau des prestations sociales et d’élargir leur couverture, d’élaborer un code de rémunération plus équitable en conditionnant l’attribution des marchés publics à son respect et d’ouvrir le débat sur une meilleure répartition des fruits de la croissance, sans pour autant ruiner l’économie. Exactement le contraire de la politique de tous nos gouvernements.   

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1181 ■ 17/03/2016