Antisocial. La guerre sociale est déclarée

Guénolé Thomas, Éd. Plon, 2018, 274 p.

Le processus politique de destruction du système social français est en marche. Thomas Guénolé en décrit les détails.

Ce n’est plus à la société de fournir un emploi à chaque salarié, mais à lui d’en trouver un, le soupçon pesant sur lui de ne pas le vouloir. La baisse du taux de chômage quand l’économie redémarre est-il le signe qu’il y a alors moins de fainéants ?

Pour combler le trou de la sécurité sociale, on a responsabilisé le patient par l’augmentation du forfait hospitalier. Est-ce la perte de civisme qui a fait passer la qualité de nos hôpitaux en dix-septième place, alors qu’il était classé le meilleur du monde par l’OMS en 2000 ? Retarder l’âge de la retraite permet de rétablir une compétitivité lésée par les dépenses sociales. Travailler plus longtemps n’est-ce pas réduire l’espérance de vie des plus précaires, un cadre vivant jusqu’à 82 ans en moyenne, alors qu’un ouvrier ne dépasse pas les 76 ans ?

Privatiser permettrait aux services publics de bénéficier d’une stimulante concurrence. Pourquoi alors, cent quatre-vingt villes et collectivités dans le monde ont repris au privé le contrôle du service des eaux ?

La baisse du niveau scolaire montre les échecs de l’Education nationale. Comment expliquer que le taux d’illettrisme baisse avec l’âge : 4% chez les 18-25 ans, contre 8% chez les 46-55 ans et 12% chez les 56-64 ans ?

La pression fiscale en France, l’une des plus fortes de l’OCDE, pèserait sur notre compétitivité. Comment comprendre alors que le montant des dividendes captés par l’actionnariat s’est accru de 11,8 % en 2016, alors que l’augmentation des salaires ne dépassait pas 1 % ?

L’auteur rappelle que dans l’histoire, tous nos acquis ont été obtenus grâce aux mouvements sociaux (1919-20, 1936, 1968). Il n’y a que par eux que l’on pourra les préserver.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1274 ■ 26/05/2020