Pour faire société. On est capables de tout

CAPACITATION CITOYENNE, Ed. Couleur livres, 2013, 95 p.

Si le pouvoir d’agir, version francophone de l’empowerment, définit la possibilité pour les individus et les groupes de s’approprier une autonomie d’action, le concept de capacitation fait référence, quant à lui, à la révélation du potentiel que chacun possède en lui, sans forcément en avoir toujours conscience. En fait, ces deux notions s’avèrent plus complémentaires et plus liées l’une à l’autre, que contradictoires. En 1990, se crée à Fortalezza, dans le nord-est du Brésil, l’école des « leaders des quartiers ». C’est un espace où s’échangent les pratiques entre membres d’associations ou de collectifs locaux. Quand un groupe de français découvre cette dynamique, à l’occasion d’un voyage, ils n’ont de cesse, à leur retour, que de vouloir reproduire cette idée en Europe. Treize ans après le premier regroupement de Dunkerque, ce sont une centaine de collectifs et de structures, regroupant des habitants, des chômeurs, des femmes, des sans-papiers ou des habitants de la rue qui se retrouvent, régulièrement, venant de France, de Belgique, du Sénégal ou du Brésil. Le mouvement Capacité citoyenne a émergé, en réaction à une société qui se fracture dans l’entre soi, amplifiant les inégalités et fragilisant les plus faibles, valorisant le gagnant solitaire et stigmatisant le perdant isolé, aggravant la misère et déconsidérant toute notion de solidarité. A l’inverse, il propose des rencontres qui font se croiser des personnes très diverses qui, n’abdiquant pas devant la souffrance, prennent la parole, alors même qu’elles ne le feraient sans doute pas ailleurs. C’est l’occasion pour chacun(e) de retrouver du sens à sa vie et de puiser de l’énergie positive, au contact avec l’autre. Pour autant, cette mouvance refuse de s’enfermer dans une identité collective qui opposerait les valeurs du groupe ainsi constitué à celles et à ceux qui n’en font pas partie, risquant alors un repli sur soi et une potentielle stigmatisation de l’autre. Personne ne ressemble à personne et ne veut lui ressembler, chacun doit affirmer sa spécificité tout en étant ouvert à la différence et aux avis divergents. La richesse de Capacitation citoyenne tient, justement, dans cette possibilité de ne pas être d’accord. C’est un ensemble d’activités qui refusent de chercher un quelconque consensus, en faisant tribu. Ce regroupement de personnes de culture et de provenance diverses et variées constitue un véritable catalyseur d’intelligence collective. L’ouvrage publié par les éditions Couleurs livres, est rédigé par plus d’une vingtaine de contributeurs, chacun proposant son propre regard sur l’association. Quatre vingt dix livrets ont été rédigés, décrivant l’action menée par chacune des associations participantes.

On peut aller les consulter sur le site www.capacitation-citoyenne.org .

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1126 ■ 14/11/2013