Les animateurs face à l’intégrisme religieux et à l’oppression des femmes

BARRACA Pierre, BRIFFAUT Amandine, COGEZ Anne-Gaëlle, DELMAIRE Danielle, FAÏZA, MESSAD Malika, L’Harmattan, 2009, 268 p.

Cet ouvrage collectif nous livre un certain nombre de témoignages, ainsi que des prises de positions exprimées lors d’une table ronde réunissant formateurs et professionnels. Le livre débute par le long récit de Faïza décrivant le sort réservé aux femmes dans sa famille. Conditionnées à se soumettre et à servir l’homme depuis leur naissance, elles ne mangent jamais à leur table, devant toujours être à leur disposition. Véritable marchandise échangeable, elles passent, après le mariage sous la coupe de leur belle-famille. La belle-mère semble se venger sur sa belle fille de toute l’oppression vécue toute une vie durant, en la transformant en esclave, bonne à tout faire. Il est invraisemblable que de telles conditions d’existence faites aux femmes puissent être tolérées, au prétexte de respecter la culture et la religion musulmane, s’écrit Faïza. Ce témoignage poignant interdit tout relativisme culturel qui amènerait à accepter ce qui se passe à notre porte, au nom du rejet de l’ethnocentrisme. La montée, depuis le début des années 2000, d’une lecture fondamentaliste du Coran qui revendique la séparation des sexes, l’ordre moral exacerbé et la dévalorisation du statut des femmes ne peut être considérée comme un mode de vie comme un autre. Le contrat politique qui fonde notre cohésion sociale est fondé sur une République laïque garantissant l’égalité entre les hommes et les femmes. De la même façon que les débats lors de l’Assemblée constituante de 1791 refusa aux juifs de vivre comme nation, mais leur accorda tout en tant que citoyen, la revendication de certains musulmans d’être reconnus en tant que communauté ne peut être satisfaite. Mais, tout doit leur être garanti, en tant que citoyens. Le travail d’animateur socioculturel s’inscrit dans la tradition de l’éducation populaire qui privilégie la liberté et l’égalité pour tous et toutes. A ce titre, il ne lui est pas possible d’établir une distinction entre des femmes qui bénéficieraient de droits et d’autres qui, enfermées dans leur culture d’origine, n’en profiteraient pas. Son action ne peut que s’opposer au machisme en général, et au virilisme en particulier, celui de ces adolescents et de ces jeunes adultes qui prétendent vouloir surveiller la virginité de leurs sœurs. Sa formation l’incite à chasser les préjugés et les stéréotypes pour faire apparaître le construit, le culturel, le social. Son travail consiste à aider l’individu à se libérer de toute oppression. En refusant d’éterniser, d’essentialiser et de naturaliser les façons de vivre, de penser et de se comporter, il l’ouvre sur son émancipation.

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