Elèves à problèmes, écoles à solutions ?

Cécile Delannoy, ESF, 1999, 236 p.

« Les alternatives a l’école traditionnelle existent, je les ai rencontrées » tel pourrait être le sous-titre de l’auteur. C’est le cas pour la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil créée en 1866 et qui compte aujourd’hui 32 établissements recevant 4600 adolescents en tant que Maison d’Enfant à Caractère Social et établissement privé sous contrat. Les Maisons Familiales Rurales, quant à elles, sont apparues en 1937 pour répondre aux besoins des jeunes issus du milieu rural en difficultés pour continuer leurs études. L’alternance, qui fait l’originalité de cette formation, vient historiquement des besoins que les familles exprimaient d’avoir leurs enfants sur l’exploitation. Ce modèle a essaimé non seulement dans l’hexagone (450 établissement recevant 60.000 jeunes), mais aussi à travers le monde entier, puisqu’on en trouve dans pas moins de 25 pays ! D’autres expériences se sont pérennisées au cours des années telle  l’ASET (Aide à la Scolarisation des Jeunes Migrants), apparue en 1969, qui scolarise les enfants des populations du voyage, affrétant à cet effet des cars aménagés en forme de salle de classe et allant de terrain d’hébergement en terrain de camping. L’Education nationale a su, de son côté aussi, innover, proposant des dispositifs tels les CIPPA (Cycle d’Insertion Professionnelle par Alternance) qui offrent aux jeunes sortis du système scolaire sans aucune qualification, de définir en un an leur projet professionnel, ou encore les classes relais. Sans oublier le lycée expérimental de Saint-Nazaire lancé par Gabriel Cohn Bendit en 1981 (bientôt suivi par le Lycée Autogéré de paris -LAP) ou l’auto-école initiée en 1992 par Marie-Danielle Pierrelée. D’une manière plus marginale, dans le propos de l’auteur, car non destinés en particulier à des publics en difficulté on citera le écoles Steiner ou encore les lycées Saint John Perse à Paris. Ce qui fait le succès de ces établissements, c’est bien, tout d’abord, leur petite taille qui permet une meilleure connaissance et affiliation des adolescents accueillis qui se trouvent alors d’autant plus entendus dans leur besoins. Mais, c’est aussi, d’être autant un lieu de vie qu’une école avec tout ce que cela implique en matière de prise en charge globale. Le principe de l’alternance entre la théorie et les stages à l’extérieur dans le monde du travail apparaît lui aussi essentiel. Tout comme l’autonomie laissée aux structures, ce qui favorise grandement l’innovation et l’initiative locale. Enfin, la qualité de la relation établie avec le jeune qui se sent suivi et accompagné individuellement et l’investissement des adultes dans leur fonction, sont, eux aussi, fondamentaux. Et l’auteur, de préconiser que l’Education Nationale s’inspire de toutes ces expériences, en démassifiant ses établissements, par exemple, ou en introduisant de l’alternance et en formant ses enseignants au rôle d’éducateur.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°547 ■ 12/10/2000