En même temps

Il parait qu’il faut choisir son camp, au risque d’être accusé, au mieux de faire le jeu de l’ennemi, au pire de complicité avec lui. Les invectives lancées de part et d’autre ont pour ambition d’instrumentaliser le débat. L’accusation d’islamo-gauchisme est souvent prétexte à refuser toute mise en cause des responsabilités historiques et actuelles de l’occident ; quand celle d’islamophobie est parfois utilisée pour délégitimer toute critique envers les intégrismes musulmans. Je me demande si je ne vais être menacé du bûcher en place publique, des deux côtés !

Car, je pourrais être traité d’islamo-gauchiste, dès lors où je dénonce les crimes contre l’humanité dont mon pays s’est rendu coupable, en imposant sa tyrannie à des millions d’êtres humains au cours de ses cent cinquante ans de colonisation. Mais aussi, en critiquant ces discriminations que subissent au quotidien des populations ayant pour seul tort d’avoir une couleur de peau ou une religion différente de la majorité.

Et je pourrais, tout autant, être traité d’islamophobe, dès lors où je dénonce l’intégrisme musulman, prenant ainsi le risque d’un amalgame conduisant à la stigmatisation d’une minorité opprimée. Mais aussi, en critiquant ce voile islamique qui, pour avoir des motivations polysémiques, n’en véhicule pas moins un symbole abject : celui de la domination patriarcale. Il ne deviendra banal que le jour où les hommes s’y soumettront, eux aussi.

Ces postures que je revendique semblent s’abreuver à deux sources en apparence diamétralement opposées. Pourtant, un même ciment les relie : la défense de cette dignité humaine que bafouent les fondamentalismes chrétiens, juifs ou musulmans ; l’éloge de ce métissage que haïssent tous les partisans de la pureté de leur communauté ; l’apologie de ces droits humains que méprisent tant les tyrannies de tous bords. Sachons exercer notre esprit critique, en refusant de nous laisser enrégimenter par quelque idéologie que ce soit.

 

 Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1294 ■ 27/04/2021