Fait-on de l’éducation dans l’enfermement ?

Certaines pédagogies dites de la liberté proclament la possibilité donnée à l’enfant de grandir sans aucune contrainte que celles qu’il se fixe lui-même dans sa découverte de l’apprentissage de la vie. A l’inverse, la pédagogie noire  -concept créé par la pédagogue allemande Katharina Rutschky et popularisé par Alice Miller- cherche à briser la volonté de l'enfant dont la nature considérée par essence comme mauvaise doit se soumettre à l’autorité de l’adulte. Entre ces deux extrêmes à proscrire, une graduation existe que chaque adulte adapte dans ses relations éducatives avec l’enfant, selon les circonstances et le contexte. Les adolescents placés en centre éducatif fermé (CEF) donnent-ils le choix aux professionnels qui les encadrent ? La liberté que ces jeunes connaissent et pratiquent quotidiennement se résume en une phrase « faire ce que je veux, quand je veux », sans limite, sans respect d’autrui, dans l’immédiateté, l’impulsivité et la désaffection. Certes, ils ne sont pas nés comme cela et sont aussi victimes d’un parcours chaotique. Mais l’arrêt d’agir s’impose pour qu’ils s’arrêtent de se faire autant de mal qu’ils en font aux autres. S’agit-il de les enfermer ou de le contenir ? De réduire leur liberté ou de limiter leur toute-puissance ? De les confronter à l’autorité ou de les ajuster aux exigences du vivre ensemble ? De leur imposer une coercition limitant leur autonomie ou de leur fixer des limites sécurisantes pour eux comme pour les autres ? Les CEF ne font que passer par le premier terme de l’alternative pour accéder au second.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1327 ■ 15/11/2022