Contre les usurpateurs
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dans Billets d'humeur
Il n’y a rien de plus insupportable que de s’en prendre à un juif, parce qu’il est juif. L’antisémitisme est une ignominie qu’il faut combattre sans aucune espèce d’hésitation. Mais usurper ce légitime combat en traitant d’antisémite toute personne qui ne défend pas inconditionnellement les crimes de guerre commis par l’Etat d’Israël relève de l’imposture.
Il n’y a rien de plus intolérable que de s’en prendre à un musulman, parce qu’il est musulman. L’islamophobie est une abjection qu’il faut combattre sans aucun répit. Mais usurper cette noble lutte, en traitant d’islamophobe toute critique de cette religion, tout rejet de l’islamisme intégriste et toute caricature relève de la mystification.
Il n’y a rien de plus odieux que de s’en prendre à une personne transidentitaire, parce qu’elle est transidentitaire. La transphobie est une infamie qu’il faut combattre sans exception. Mais usurper cet impératif, en traitant de transphobe toute objection, toute discussion, tout point de vue différent à l’égard de cette question relève de la duperie.
Pourchasser toutes ces discriminations est une cause sacrée qui est trop souvent prise en otage par des idéologues, détenteurs de vérités dogmatiques et des doctrinaires aveuglés par une radicalité qui vouent au bûcher toute nuance, toute divergence et toute distinction
« Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute / Sans aimer, sans haïr les drapeaux différents / Partout où l'homme souffre il me voit dans ses rangs. » affirmait, en 1850, Alphonse de Lamartine. Depuis longtemps, je me sens juif, musulman et transidentitaire, quand on les insulte, quand on les discrimine ou quand on s’en prend à eux. Mais je ne m’identifierai jamais à ceux qui instrumentalisent le traumatisme subi, pour s’égarer à leur tour dans le sectarisme et le fanatisme, l’intolérance et le rejet de l’autre, le racisme et la xénophobie.