L’humain, toujours et encore l’humain

La constitutionnalisation de la liberté de recours à l’avortement a été célébrée sur tous les tons et à toutes les modes. Consécration de si nombreux combats militants. Conquête d’un droit revendiqué depuis si longtemps. Reconnaissance d’un échec civilisationnel qui a duré des millénaires. Même ses opposants historiques ont préféré se taire, s’abstenant de remuer leurs arguments. Le poids du monde qui avance était trop lourd. Ce n’est pas qu’ils ont renoncé. Ils étaient à l’offensive au moment du vote du PACS. Ils ont récidivé au moment du vote du mariage pour tous. Et ils fourbissent leurs armes contre le projet de choisir sa fin de vie. Responsables musulmans, juifs, catholiques, protestants et bouddhistes se sont réunis pour redire leur opposition à l’euthanasie. Toujours les mêmes impératifs moraux qui ont toute légitimité pour celles et ceux qui les partagent, mais qui ne sauraient être imposés à toutes (tous) et à un chacun(e). Pendant si longtemps, ces gardiens de la bonne moralité ont imposé leur tyrannie, censurant les voix contraires et légiférant pour réprimer toute déviance à l’ordre qu’ils imposaient. Il ne faut pas réagir en miroir, en mésusant des mêmes moyens pour les faire taire. Tout au contraire, ils ont droit de s’exprimer, de mettre en avant leurs convictions et de revendiquer leur éthique. Mais la portée de leur voix s’affaiblit, sans doute parce qu’elle s’inscrit à contre-courant de l’histoire. Faut-il chercher à les convaincre, en se plaçant sur le registre du rationnel, de l’argumentatif ou de la raison ? Ou ne vaut-il pas mieux plutôt utiliser ce qu’il y a de plus humain chez chacun(e) d’entre nous : nos faiblesses, nos fragilités, nos vulnérabilités. C’est cette voie qu’a choisi un sénateur. Son témoignage est d’une puissance hors-du-commun. Pour les plus sensibles, l’émotion étreint la gorge et les yeux ne tardent pas à s’humidifier. Pour les plus détachés, la gravité s’installe néanmoins. Il faut écouter le sénateur Claude Malhuret. Il faut l’écouter et puis se taire. Car rien ne peut être rajouté, après son dernier mot, qui soit nécessaire de l’être !

 

Devant le Congrès, Claude Malhuret évoque son expérience de médecin face aux avortements clandestins - YouTube