Cultiver l’esprit critique

Qui n’est pas attaché à défendre ses convictions ? Tenter de convaincre autrui n’exclut pas d’être perméable à son argumentation.

Il est des convictions qui nous apparaissent comme fondamentales. Nous y tenons, par tradition familiale, par engagement militant, par appartenance à un syndicat, à un parti, à une association. Quoiqu’on nous dise, on ne cèdera pas facilement aux arguments opposés. Par fidélité, par opiniâtreté, par étroitesse d’esprit. Mais si nous tenons à nos certitudes, ce n’est pas pour autant que nous refusons aux autres le droit de ne pas les partager. Nous pensons juste qu’ils ont tort. Mais cela appartient aux différences d’opinions. Jusque-là tout va bien.

Là où ça commence à se gâter, c’est quand cette conviction se mue en vérité absolue et catégorique, transcendantale et définitive, quand elle est élevée au rang d’un dogme fondamental et incontestable qu’il faut défendre sans aucun compromis : c’est la porte ouverte à l’intolérance. Ce qui s’apparente alors comme une véritable exaltation peut alors se prolonger dans cette intransigeance qui cherche avant tout à faire triompher la seule doctrine entendable : la sienne. Tout autre point de vue est mensonge. Toute contestation est trahison. Toute variation est sacrilège.

Un cran fatal est franchi, quand cette exaltation extrême conduit à déshumaniser et à persécuter, à terroriser, voire à exterminer toute personne ou groupe ne partageant pas la même vision du monde : c’est le fanatisme. Dès que cela semble possible, le crime contre l’humanité n’est pas loin. Massacres, génocides, carnages en sont les manifestations.

Pour ne pas mettre le doigts dans l'engrenage et s’engager sur les chemins de l’intransigeance dogmatique il n’y a pas beaucoup d’alternatives. Il faut toujours privilégier le dialogue, l’ouverture d’esprit, la curiosité, la nuance, la tolérance, la pensée critique, l’empathie, la congruence face à l’autre qui ne pense pas comme soi.