Cela va sans dire… c’est encore mieux en le disant

Les attestations d’honorabilité sont dorénavant demandées à tout personnel en contact avec des mineurs, soit au moment de leur embauche soit à échéance régulière. Six départements avaient été désignés en 2024 pour expérimenter cette procédure, rejoints par vingt-trois autres en mars de cette année. La plateforme dédiée à cette vérification a été généralisée à tout le pays, le 1er octobre dernier. Voilà une mesure saine et légitime qui a déjà fait ses preuves, écartant d’emblée pas moins de 1 733 demandeurs et en validant 342 000 autres. Cette mesure préventive vise les personnes inscrites au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes. Il n’y a rien de plus légitime que d’exclure du contact avec des mineurs toute personne ayant déjà commis des actes attentatoires à leur dignité et à leur intégrité. Ils n’ont rien à faire là !

Pourtant une nuance est à introduire : si 80 % des refus d’habilitation d’honorabilité concernent des personnes travaillant dans la protection de l’enfance, cela ne signifie pas que 80 % des personnes engagées dans ce secteur seraient concernées. En réalité seulement 1 % l’est ! Pourquoi prendre le soin de le préciser ? Parce que cet éventuel amalgame ne serait pas le premier.

Ainsi, le média en ligne Madmoizelle publiait un article, le 13 mars 2023, avec un titre choc : « Les enfants confiés à l’ASE subissent toujours des violences sexuelles une fois placés. » Il tirait cette information de l’étude menée auprès de 100 enfants placés à l’ASE du département de Seine-Saint-Denis. Il oubliait juste de préciser que sur 9 500 mineurs placés à l’ASE dans ce département, seuls les 100 dossiers les plus marquants avaient été sélectionnés. De là, à généraliser sur l’ensemble des enfants placés, il n’y avait un pas problématique à franchir qui le fut dans un but de sensationnalisme.

Il en va de même pour cette statistique glaçante mettant en exergue les 23 % d’anciens enfants placés parmi les sans-domicile fixe de notre pays, proportion qui monte à 40 % pour les moins de 25 ans. Si l’on rappelle que les enfants placés ne représentent qu’un peu plus de 1 % de la population globale, la disproportion est considérable. Pourtant ce chiffre tragique peut parfois être mal utilisé : ce n’est pas parce que de 23 à 40 % des SDF (selon leur âge) ont connu un placement à l’ASE dans leur enfance que 23 à 40 % des enfants placés se retrouvent à la rue !

Répétons-le avec force : l’élimination des personnages louches et/ou dangereux dans nos rangs est un bienfait. Elle est fondée sur des condamnations pénales effectives pour des actes inacceptables et incompatibles avec un travail en protection de l’enfance. Pour autant, même s’il n’en restait qu’un il faudrait néanmoins l’écarter de ces publics vulnérables, ils ne représentent qu’une une infinie minorité, 99 % des personnels n’étant pas concernés.