La coupe est pleine

A plusieurs reprises, mes billets d’humeur et recensions sont venus écorcher les outrances d’une discipline entachée de dérives idéologiques et doctrinaires. La psychanalyse prend souvent ses désirs pour des réalités et les contes de fée qu’elle échafaude pour le mode de fonctionnement de la psyché humaine. Je ne renie rien de ces violentes critiques. Pour autant, je reconnais combien cette école constitue une fantastique machine à penser philosophique. L’essentiel des écoles thérapeutiques qui se sont développées parallèlement, reste d’une pauvreté souvent affligeante. La proposition de Daniel Fasquelle, député UMP du Pas-de-Calais, d’interdire les pratiques psychanalytiques dans l’autisme est inepte et stupide. A quand l’internement des praticiens de cette discipline ? Aucune approche ne peut prétendre percer à elle seule la complexité humaine et répondre à toutes les questions. A la vérité autoproclamée pendant des années par des psychanalystes enfermés dans leurs certitudes s’opposent de nouvelles chapelles tout aussi sectaires et intolérantes. Va-t-on troquer un cheval borgne pour un aveugle et substituer un dogmatisme par un autre ? Cette attaque risque de cristalliser les positions victimaires dans lesquelles se complaisent les psychanalystes, incitant chacun à choisir son camp. Je refuse de haïr aujourd’hui ce qu’on adorait hier et de porter aux nues aujourd’hui ce qu’on agonisait hier. Je préfère rester critique face aux uns, comme face aux autres.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1048 ■ 02/02/2012