Du meilleur au pire

Les décisions de justice font rarement l’unanimité, l’une ou l’autre des parties se sentant lésée. Certains jugements, pourtant, emportent une large adhésion. Ainsi, la condamnation d’Easy Jet à 70.000 € d'amende, pour avoir refusé l’embarquement de trois passagers porteurs de handicap non accompagnés ou celle obligeant l’État à verser 1.500 € à trois détenus de la prison de la Santé, pour des conditions d’incarcération jugées attentatoires à la dignité humaine. On attend beaucoup de la Cour européenne des droits de l’homme, saisie par cinq femmes souffrant de handicap mental, ayant subi à leur insu une stérilisation, dans les années 1990 ; mais aussi de l’assignation de l'État en justice par quinze personnes estimant avoir subi des contrôles au faciès. Certaines autres décisions laissent dubitatif, comme celles concernant l’affaire de Saint Aignan : le gendarme ayant tué le passager d’une voiture bénéficie d’un non-lieu et le chauffeur de ce même véhicule prend deux ans de prison, pour refus d’obtempérer ! Enfin, il y a ces procès burlesques, tel celui intenté par une cliente traitée de conne par une boulangère, après avoir critiqué la disposition des fruits sur une tarte aux pommes. Tout aussi grotesque, le procès gagné par Judith Miller, la fille de Jacques Lacan, contre Elisabeth Roudinesco qui avait osé écrire que le maître enterré civilement, aurait aimé l’être religieusement. Décidément il n’y a pas que les voies du seigneur qui soient impénétrables ! 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1060 ■ 26/04/2012