Idée noire ou utopie ?

Une soirée passée à zapper les chaînes de télé et voilà Top chef qui surgit. Un défilé d’assiettes superbement agencées, des mets qui ont l’air succulents... de quoi hésiter à passer à la chaîne suivante. Ça y est : l’attention est accrochée. Pas de doute, on a affaire à des pros : la mise en scène est calibrée, l’enchaînement des scènes rapide, le cadrage efficace. Combien de fois les candidats et les quatre membres du jury ont-ils du recommencer leurs prises de vue ? Inévitablement, sur le nombre de candidats en lice, il va falloir en éliminer un. La télé-réalité se fait le miroir de ce que notre société a de plus détestable : la compétition et la rivalité. Un cuistot semble plus lucide que les autres : il décide d’abandonner. Alors qu’il vient d’être sélectionné pour le tour suivant, il y renonce. S’est-il rendu compte du rôle qu’on lui demandait de jouer ou cela fait-il partie du scénario ? En appuyant rageusement sur la télécommande pour quitter ce spectacle affligeant, une pensée désagréable survient subitement : et si nous ne faisions pas mieux, dans nos centres ? Comment réussissons-nous à résister à ces multiples jeux basés sur la concurrence entre équipes de mômes ? Imaginons des animations basées sur la solidarité, l’entraide, la coopération, au cours desquels il ne s’agirait pas de gagner contre l’autre, mais avec lui. Un peu comme si Top chef décidait d’unir tous les talents présents au lieu de les opposer. Mais là, je rêve un peu de trop !

 

Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°129 ■ mai 2012