Made in USA

Mona Ramouni, étudiante à l’Université du Michigan, suit une formation pour travailler plus tard auprès d’enfants handicapés. Dans les couloirs, on l’entend venir de loin. Son déplacement est reconnaissable au claquement des sabots de Cali, une minuscule jument brune à la crinière noire qui l’accompagne en permanence ! Aveugle, la jeune femme a bien sûr appris à se déplacer à l’aide d’une canne, l’un ou l’autre de ses six frères et sœurs se rendant toujours disponible pour l’aider. Quand elle a refusé de continuer à vivre dans une telle dépendance, s’est posée la question de l’acquisition d’un animal, pour la seconder. Ses parents, des immigrés jordaniens musulmans pratiquants, considérant les chiens comme impurs n’ont pu se résoudre à en utiliser un, pour assister leur fille. Le choix s’est donc porté sur un poney guide. Ces chevaux miniatures, pesant 45 kg, ont la taille d’un gros chien, mais vivent plus longtemps (30 ans contre 6 à 8 ans).  Ces américains sont incroyables. Ce sont les mêmes principes de liberté individuelle qui leur font tout autant renâcler à la réforme de leur système de santé (les Républicains, vainqueurs des élections de novembre, promettent 100 milliards de dollars d’économies sur les budgets de l'éducation, des aides sociales et de la santé), que confondre volontiers leurs salles de classe avec les stalles d’une écurie. Cela explique que cette "American way of life" provoque tant la fascination que la répulsion, tant l'attirance que le rejet.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1013 ■ 07/04/2011