De la richesse en moins

La loi fixant à 6% le seuil d’emploi de travailleurs handicapés, n’est respecté nulle part. Dans le privé, n’en parlons pas. Ou plutôt, parlons-en : il atteint péniblement le taux de 2,4 %. Dans la fonction publique, c’est un peu mieux : la territoriale est la plus performante avec 4,86%. L’hospitalière la suit de peu, avec 4,83%. Quant à l’État, et ses 3,09%, il est à la traîne : si les ministères du Travail et de la Défense caracolent en tête, avec respectivement près de 7% et 6,3%, la Justice et l'Éducation stagnent autour de 3%. Pas de quoi pavoiser, donc. Le 13 mai 2011 a été promu « journée du handicap » dans la fonction publique. Le kit de communication proposé à cette occasion avait pour but d’inciter les fonctionnaires souffrant d’un handicap non reconnu, à le déclarer. Que n’invente-t-on pas pour faire remonter les statistiques et éviter de recruter du personnel ayant un statut de travailleur handicapé ! Indécentes, ces pratiques confinent aussi au gaspillage. D’un strict point de vue économique, une étude de 2010, menée durant un an, auprès de quatre grandes entreprises, a démontré que la diversité des équipes de travail où se mêlent hommes et femmes, jeunes et plus âgés, différentes origines sociales, ethniques et culturelles, valides et handicapés avait pour résultat l’accroissement de la rentabilité de 5 à 15%. Loin d’être un frein à l’efficacité et à l’équilibre du travail, le handicap constitue une chance et une richesse irremplaçables.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1021 ■ 09/06/2011