Là où y’a de la gêne, y’a pas de plaisir

« Et pourquoi pas des unions avec des animaux ? » s’exclame Brigitte Barèges en plein débat parlementaire sur le mariage homosexuel, pour s’opposer à l’argument de l’adaptation des lois à l’évolution des mœurs. La députée UMP niera toute homophobie, qualifiant sa plaisanterie « de bien mauvais goût ». « Un troussage de domestique » affirme Jean-François Kahn, à propos de l’accusation de viol portée contre DSK. « Inacceptable » a jugé, a posteriori, l’éditorialiste qui a présenté des excuses et décidé de renoncer au journalisme. Voilà des bourdes qui en disent long sur les fantasmes des personnalités publiques qui les ont prononcées. Mais, au moins, elles sont revenues sur leurs ignobles propos. Autres temps, autres mœurs : en 1954, un médecin scolaire s’exprimait, sans grand remords, sur l’origine de ce que l’on appelait alors, l’enfance malheureuse : « les souffrances de ces enfants viennent de quelques causes, toujours les mêmes : la mère est une ivrognesse, une putain ou une idiote ; le père : un ivrogne, un veuf remarié ou un paresseux. Aujourd’hui, le paresseux et l’ivrogne ayant beaucoup d’enfants, sont heureux, ils sont entretenus comme lapin au clapier ou taureau à l’écurie ; ils ont intérêt à procréer. » De quoi faire passer Brigitte Barèges et Jean-François Kahn, pour des enfants de cœur.  Le « politically correct » contemporain n’est qu’une euphémisation du langage qui ne fait disparaître ni la discrimination, ni le sexisme.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1022 ■ 16/06/2011