Abus de pouvoir… ou de dénonciation ?

« En finir avec un tabou ». Le 9 juin, le journal L’Equipe s’offrait un beau scoop : une double page consacrée aux agressions sexuelles de mineur(e)s dans le sport. Les témoignages sordides présentés étaient commentés, avec intelligence, par des sociologue, psychiatre et responsables. A la demande du ministère, une enquête fut réalisée en 2009, établissant que 3% des athlètes interrogés auraient été victimes d’adultes, au premier rang desquels ces entraîneurs, dont la place et le rôle sont essentiels pour soutenir, encourager, valoriser les efforts physiques et mentaux nécessaires à l’obtention de résultats. Mais en même temps, une place rêvée pour tout prédateur voulant utiliser cette fonction, pour violenter des enfants ou adolescente(e)s. Cette dénonciation est courageuse. Pour autant, la dérive est palpable. Peut-il encore exister une proximité chaste entre l’adulte et l’enfant ? Ou va-t-on devoir bannir tout rapprochement, tout contact, tout rapport bienveillant, au prétexte qu’une poignée d’individus utilisent cette rencontre, pour assouvir leurs penchants pervers ? Toucher n’est pas forcément attoucher, user d’une relation amicale avec l’enfant n’est pas obligatoirement abuser de lui, approcher son intimité n’implique pas automatiquement la violer.  Les deux millions d’entraîneurs bénévoles qui se dévouent chaque semaine, dans les clubs sportifs, doivent pouvoir continuer à le faire, sans que pèse sur eux le soupçon de l’infamie.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1023 ■ 23/06/2011