Une fausse bonne idée

Martin Hirsch vient de lancer une idée « révolutionnaire » : récompenser les lycéens pour leur assiduité en cours, par l’attribution en fin d’année, d’une cagnotte collective ! Trois lycées professionnels de l'académie de Créteil se sont, dès à présent, lancés dans cette expérimentation. Cette initiative est choquante, hypocrite et illusoire. Choquante, d’abord, car elle inscrit l’acquisition du savoir dans une logique d’intéressement financier. A l’image de certaines entreprises, affichera-t-on bientôt, sur un tableau d’honneur, à l’entrée de chaque établissement, le lycéen du mois (celui qui aura le moins séché ses cours) ? Elle est hypocrite, ensuite, car elle fait reposer sur les jeunes ce qui relève de la responsabilité des adultes. Si un élève manque un cours, c’est au système éducatif de s’interroger et de se remettre en cause, pas aux copains de jouer aux flics. Enfin, elle est illusoire. Deux types de motivations poussent les individus à agir. Les raisons intrinsèques (l’envie, le plaisir, le sens du devoir) et extrinsèques (la contrainte ou … les encouragements financiers). L’économiste Bruno Frey a démontré l’existence d’« incitations désincitatives », telle que l’introduction de facteurs monétaires dans les relations non-marchandes. Plus on dédommage un acte gratuit, moins on encourage à sa réalisation bénévole. Après l’indemnisation de l’assiduité, faudra-t-il une cagnotte pour le travail scolaire fait à la maison ou la réussite aux examens ?

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°945 ■ 15/10/2009

 

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
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Alternative à la prison : ça marche aussi ! CER de Rouen : Itinéraire d’un dispositif efficace La prise en charge des jeunes délinquants défie le monde adulte. On parle de plus en plus de répression. Pourtant des éducateurs démontrent chaque jour qu’il est possible de répondre autrement. Reportage. Il y a quelques semaines, nous évoquions les dérives de Cheval pour tous et du procès de son...
Cosson Anne-Brigitte - Avenir des AS
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Ne rien lâcher sur nos valeurs Quelles sont les valeurs qui transcendent la profession d'assistant de service social, depuis bientôt cent ans ?Anne-Brigitte Cosson : je n'ai pas l'impression que ces valeurs aient beaucoup évolué depuis tant d'années. Notre profession affiche les mêmes ambitions humanistes : la recherche du bien-être des populations accompagnées, l'équité, la justice sociale,...
ESAT - Troyes (10)
Signes particuliers ? Musiciens et handicapés ! Qu’il est difficile d’avoir accès à la culture quand on souffre de handicap. Et pourtant, rien d’impossible. L’ESAT Arc en ciel en fait la démonstration depuis 1990. Ce n’est pas un hasard si certaines cultures traditionnelles ont élevé la musique au rang du sacré. Par l’émotion qu’elle crée, par le bien-être qu’elle procure, par sa capacité à...
Pouvoir d’agir ou activation de l’usager?
Des approches sociales récentes peuvent s’avérer fertiles, si l’on sait les débarrasser de leurs scories. Les méthodologies s’empilent, les concepts s’accumulent et les approches d’intervention se voulant innovantes se multiplient depuis quelques années incitant à rendre l’usager acteur de son changement, à lui redonner le pouvoir sur son devenir et à décentrer les intervenants d’une maîtrise jugé ...
CEF - Saint Denis le Thiboult (76)
Les centres fermés peuvent-ils être ouverts à l’éducatif ? Pour les uns, ils sont l’ultime chance avant la prison, pour les autres c’est un lieu de perdition pour tout éducateur qui se respecte… Loin des représentations idéologiques et des polémiques, et afin que chacun se fasse sa propre opinion,  peut-être est-il utile de savoir comment fonctionne concrètement un Centre éducatif fermé ?...
Puaud Davis - La radicalisation
dans Interviews
« L’action de prévention de l’animateur ne peut se réaliser que sur la durée » Anthroplogue, ancien éducateur de rue, David Puaud est aujourd’hui formateur-chercheur à l’Institut Régional du Travail Social Poitou-Charentes. Spécialiste des marges urbaines et du contrôle social, il a réalisé de nombreuses enquêtes au sein de quartiers populaires. Sa fine connaissance du terrain lui permet de ...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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