Un chœur de politiciens opportunistes s'illustre dans la relecture peu ragoûtante de deux œuvres de Jean-Paul Sartre: « Les mains sales » et « La nausée ». La première a été rejouée sur le dos des Roms, la seconde a été infligée à tout ce que notre pays compte d'humanistes. Certes, les expulsions de Roms ne sont pas plus nombreuses en 2010 (8.000 sur 8 mois), qu'en 2009 (11.000). Ce qui est insoutenable, c'est la désignation d'une population à la vindicte populiste. Mais tout le monde ne se complaît pas dans la fange de la xénophobie. Il y a  eu des prises de positions sans concessions (y compris du parlement européen) et des manifestations de rue. Et puis, il y a l'engagement d'hommes et de femmes qui agissent. Ce n'est pas nouveau : les militants des Réseaux éducation sans frontière ont montré la voie, en s'impliquant admirablement dans l'hébergement de familles de sans papiers. A côté de Nantes, qui vient d'être condamnée pour une procédure d'expulsion datant d'avril 2010, il y a Indre, une petite commune de 3.700 habitants. Quand son Maire a décidé d'accueillir 150 roms chassés de la métropole voisine, il leur a aménagé des conditions de séjour décentes, faisant notamment installer des toilettes sèches, de l'eau, un container à ordures. Depuis leur arrivée, il sert de médiateur avec la population : en dix mois, la délinquance a baissé de 20 % ! Jean-Luc Le Drenn est prêt à rater sa réélection en 2014 : son empathie est plus forte que tout. Qui fait mieux?

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°986 ■ 23/09/2010