La laïcité

Un outil au service de tous

La notion de laïcité est aujourd’hui galvaudée. Elle a été instrumentalisée, très récemment, par l’extrême droite qui en a fait son cheval de bataille dans sa croisade islamophobe. A l’origine, c’est un terme religieux, l’église catholique l’utilisant pour désigner ceux de ses fidèles qui ne sont pas prêtres. Comment s’y retrouver et surtout comment rendre opérationnel ce concept, afin qu’il devienne un outil du quotidien dans nos centres ? Ce dossier a pour ambition non d’apporter la bonne parole, ni la seule interprétation, en rajoutant de la confusion à la confusion, mais de partir de la complexité, pour arriver à une série de propositions simples qui permettent l’ouverture universelle sur la différence et la tolérance, plutôt que l’enfermement dans la stigmatisation et la discrimination.
 
 
Le long chemin de la sécularisation
L’historien Fernand Braudel affirmait : « Il faut savoir d'où l'on vient, pour savoir où l'on va ». Retracer la genèse de la laïcité va nous permettre de comprendre sa raison d’être, de lui redonner tout son sens et de rappeler sa brûlante actualité.
 
La question de la liberté de pensée en général et de la liberté de croyance en particulier fut, pendant de nombreux siècles, symbolisée par une maxime latine : « Cujus regio, ejus religio » (que l’on peut traduire littéralement par « tel prince, telle religion »). Le peuple devait obligatoirement adopter la religion de son roi. Jusqu’en 1789, notre pays fonctionna donc comme un État confessionnel, une Théocratie, avec comme seul culte autorisé le catholicisme qui, en retour, légitimait la monarchie absolue en lui accordant un statut de droit divin. L’église détenait alors « le monopole de l'éducation et contrôlait les universités, les écoles et les livres », rappelle l’historien Jean Paul Scot1. Exception éphémère, l’Édit de Nantes accordant des droits aux protestants sera révoqué au bout de trente ans, provoquant les pires persécutions. Le pouvoir tout puissant du catholicisme sur les consciences s’est achevé avec l’avènement de la démocratie. La Révolution française a remplacé les « devoirs envers Dieu » du sujet soumis à son roi, par les « droits de l'Homme » garantis par l’État à chaque citoyen. Le décret du 21 février 1795 instaurant la séparation entre l'Église et l'État sera invalidé par Napoléon qui signa, en 1902, le Concordat transformant les cultes catholique, protestant et israélite en institutions reconnues d'utilité publique, placées sous le contrôle de l’État (encore partiellement en vigueur : voir encadré). L’église résistera longtemps à cette considérable perte d’influence, préservant le plus possible la domination de ses propres lois sur le droit civil : interdiction du divorce et du travail le dimanche, pénalisation de l'adultère, criminalisation de l'avortement, peine de mort pour tout sacrilège. A compter de 1881, la troisième République rétablit des libertés publiques, autorise le travail le dimanche et les jours fériés, supprime les prières publiques lors de la rentrée des députés et des sénateurs, rétablit le droit de divorcer, officialise les enterrements civils, etc…
 

La victoire de la liberté de penser

Point d’orgue de la sécularisation d’une société ne voulant plus être subordonnée à l’autorité cléricale, la loi de 1905 rétablit la séparation de l’Église et de l’État. Dès 1878, Jules Ferry déclarait que la laïcité est la « doctrine de la liberté de conscience, de l'indépendance du pouvoir civil, de l'indépendance de la société civile à l'égard de la société religieuse ». Cette doctrine éminemment démocratique s’appuie sur des principes garantissant à la fois la liberté de conscience (chacun détient le droit inaliénable de croire dans le Dieu qu’il veut), la pluralité des cultes (chacun peut choisir d’avoir une religion ou non, sans pouvoir contraindre quiconque à se plier à son option, ni se voir imposer celle des autres), la neutralité de l’État (qui n’a pas à privilégier tel culte, plutôt que tel autre) et l’égalité de traitement (nul ne peut se prévaloir de ses convictions pour s’affranchir des règles communes). La laïcité ne pose aucun problème aux croyants restant ouverts aux autres spiritualités : ils pratiquent librement leur culte, tout en reconnaissant que les autres en fassent de même avec le leur. Elle est bien plus problématique pour ceux qui, convaincus de détenir la seule vérité révélée possible, sont bien décidés à convertir les mécréants qui n’en sont pas convaincus. Le respect et la tolérance qui s’imposent à tous et à chacun, contreviennent à leur vision fondamentaliste. La laïcité constitue donc un formidable instrument au service du vivre ensemble entre des citoyens ne partageant pas les mêmes cultes. Elle renvoie la religion à ce qu’elle doit être : une croyance certes tout à fait respectable et légitime, mais qui appartient à la sphère privée et relève de la conscience individuelle.
 
(1) « Liberté-égalité-laïcité. Genèse, caractères et enjeux de la loi de 1905 » Jean-Paul Scot, Les cahiers d’histoire- Revue critique d’histoire n°100, 2007
 
 
Exception à la laïcité
De 1871 à 1918, les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle annexés par l’Empire allemand ne furent pas concernés par la loi votée de 1905. Cela n’a pas non plus été le cas au moment de leur réintégration à l’hexagone, malgré une tentative en 1924. Les cultes catholique, protestant et israélite y sont toujours gérés par le Concordat de 1801. Les autorités religieuses sont nommées, les 1.300 prêtres, pasteurs et rabbins rémunérés et les investissements sur les lieux de culte garantis par l’État. Les autres religions relèvent du régime de la loi de 1901, mais reçoivent des subventions publiques. Étonnant anachronisme qui perdure depuis bientôt un siècle.
 
 
Des laïcités multiples
Si la laïcité apparaît comme un principe d’une grande modernité à même de gérer les défis de la diversité de notre société, elle n’est pas homogène. Comment s’y retrouver entre les approches plutôt intransigeantes ou plus conciliantes ? État des lieux
 
Notre société est confrontée à de multiples mutations socio-économiques contribuant à déliter le lien social. Des crises qui se succèdent depuis des années, se traduisant par un chômage qui ne cesse d’augmenter et une exclusion qui frappe les populations les plus fragiles ; la perte d’autorité des institutions traditionnelles qui ne sont plus reconnues dans leur légitimité ; les capacités de protection de l’État social qui se réduisent petit à petit ;  l’idéologie néo-libérale qui a envahi les media, convaincu les politiques de favoriser toujours plus le marché, au détriment du service public ; l’accumulation de la misère qui côtoie une richesse s’affichant avec insolence ; le multiculturalisme induit par des vagues successives d’immigration qui ont pourtant contribué à construire notre pays, mais qui sont désignées comme bouc émissaire de tout ce qui va mal etc … Cette réalité est particulièrement insécurisante, poussant aux réflexes de repli sur soi se concrétisant au mieux par la défiance, au pire par le rejet de l’autre vécu comme menaçant. Ce réflexe se traduit par la xénophobie et le racisme et/ou la défense des valeurs traditionnelles ainsi que l’enfermement dans une communauté de valeurs. Mais, il est tout autant possible de résister à cette posture, en continuant à manifester une ouverture à la différence considérée comme un enrichissement et une chance pour le présent et l’avenir. Et la laïcité constitue alors un formidable outil pour articuler les différentes sensibilités, religions et cultures dans l’organisation du vivre ensemble: la reconnaissance de la spécificité de chacune et dans le même temps la recherche de ce qu’elles ont en commun ; le respect mutuel et dans le même temps l’identification de valeurs partagées ; l’acceptation de la diversité et dans le même temps la quête des facteurs de convergence. La laïcité oui, mais laquelle ? Jean Baubérot, spécialiste de la laïcité, en dénombre sept.
 

Plusieurs laïcités ?

Dans cette liste, on trouve une conception s’affichant clairement comme une machine de combat antireligieux. Présentant l’athéisme comme la seule forme de pensée cohérente et considérant toute croyance religieuse comme un anachronisme, elle se donne comme objectif la déconfessionnalisation, c’est à dire la disparition progressive et définitive des religions de la société humaine. A cette vision intransigeante, s’oppose la laïcité ouverte qui revendique la rupture avec la traditionnelle discrétion dans l’affichage des religions. Elle préconise un accommodement du principe de neutralité exigée dans les services publics, revendiquant, par exemple, la possibilité de porter la Kippa, du voile islamique ou du turban sikh. Une autre version de la laïcité s’inspire du gallicanisme, doctrine revendiquant depuis le 14ème siècle une église catholique autonome par rapport à l’autorité du pape. Selon cette conception, l’État devrait exercer un contrôle sur les cultes, afin de vérifier leur adéquation avec les principes républicains. Deux autres perceptions concernent la laïcité dite séparatiste préconisant d’aller jusqu’au bout de la séparation entre l’Église et l’État en supprimant par exemple tout financement public aux écoles confessionnelles ou en refusant toute adaptation de la vie publique aux principes religieux. Une autre vision essentiellement discriminatoire a émergé récemment, la laïcité identitaire qui prétend éliminer tout ce qui ne serait pas issu des racines chrétiennes de la France, offrant par exemple des repas saucissons-vin-rouge à des SDF, excluant ainsi les musulmans. La typologie proposée par Jean Baubérot démontre qu’il existe donc des positions tranchées, avec de nombreuses nuances, quant à l’application possible de la laïcité. Quels sont les principes les plus opérants à privilégier en ACM ?
 
 
Atteinte à la masculinité ?
Ce vêtement empêche de penser librement. Il est un signe de soumission et la preuve de l’absence de libre arbitre. Il est imposé et constitue une atteinte à la dignité. Cette diatribe ne serait pas reniée par les détracteurs du port du voile islamique par certaines femmes musulmanes. Il a en fait été tenu par Émile Combes, désigné Président du Conseil en 1902, tout en gardant le ministère de l’intérieur et des cultes. Chantre de l’anticléricalisme, il désignait alors la soutane portée par les prêtres dans l’espace public. Étonnant mimétisme qui fait se rejoindre la même argumentation à plus d’un siècle de distance à propos d’un morceau de tissu chargé de symboles.
 
 
Comment appliquer la laïcité au quotidien ?
La difficulté ne réside pas tant dans l’énoncé des grands principes que dans leur application sur le terrain. Que faire de cette théorie que d’aucuns trouvent formidable, mais que beaucoup peinent à concrétiser, sans tomber dans l’excès ou le laxisme ?
 
L’un des principes de la laïcité impose donc l’interdiction d’afficher ses convictions. Cette prescription impérative concerne les personnels des établissements scolaires et de santé, ainsi que les fonctionnaires des trois fonctions publiques. Ce n’est pas le cas des associations de droit privé. Pour autant, se pose la question pour les accueils collectifs pour mineurs, à défaut de l’application à la lettre de la démarche laïque, du respect de son esprit. A ceux-là, on peut proposer trois principes à décliner en cohérence avec le projet éducatif fondateur : la neutralité, l’égalité de traitement et l’universalité.
 

La neutralité

La neutralité concerne au premier chef les animateurs qui doivent se montrer des plus discrets quant à leur convictions intimes. Tout prosélytisme doit être proscrit : que l’on soit végétarien ou carnivore, engagé dans une religion ou fervent athée, militant d’un parti ou apolitique, ses choix personnels n’ont pas être étalés et encore moins propagés. On peut les présenter comme une option parmi tant d’autres, quand un échange spontané, voire organisé, se produit avec les jeunes. Ce dont il s’agit, ce n’est pas d’essayer de les tenir à tout prix en dehors des débats qui traversent la société, mais d’éviter toute instrumentalisation. Le public auquel on s’adresse véhicule des convictions souvent influencées par le milieu dont il est issu. S’il est difficile d’exiger de lui la même retenue que pour les adultes. Son expression peut néanmoins être tempéré et relativisé, en favorisant l’ouverture d’esprit à l’égard des idées contraires.
 

L’égalité de traitement

Et c’est cette tolérance qui doit guider un second principe incontournable : la stricte équité dans la façon dont on se comporte face aux enfants et adolescents, quels que soient les positions qu’ils défendent. Il pourrait être tentant d’accorder moins de temps et de bienveillance à celle ou à celui qui défend des points de vue aux antipodes de ses propres valeurs. Les réactions hostiles au vaste mouvement d’indignation provoqué par les attentats contre Charlie en sont une parfaite illustration. L’ostracisme et le rejet se seraient alors avérés contre-productifs. S’il n’est pas question ici de tolérer des propos faisant l’apologie du terrorisme, de l’antisémitisme ou du racisme qui ne sont pas des opinions, mais des délits, il convient d’accueillir les discours dans leur diversité pour mieux les placer en perspective et en faire un support à la confrontation démocratique. Seul le dialogue permet de faire évoluer la pensée. Tous les enfants méritent notre sollicitude, sans distinction de religion, de conviction ou d’idéologie.
 

L’universalité

L’esprit de la laïcité ne fait aucunement obstacle à l’expression des spécificités culturelles : fêter noël ou la fin du ramadan ne constituent pas seulement des célébrations religieuses. Ce sont aussi des coutumes festives, conviviales et intégratives. Chaque culture est riche d’usages qui organisent la cohésion de ses membres. Élargir ces rituels, en les partageant avec ses voisins appartenant à une autre tradition, permet de se retrouver, au-delà des particularismes, autour d’une même humanité. Organiser une soirée en accueil collectif pour mineur, pour ces occasions n’a rien de choquant, dès lors où elles ne sont pas utilisées pour séparer les communautés entre elles et les renfermer sur elle-même, mais pour favoriser les échanges réciproques et la reconnaissance des habitudes propres à chacun. L’aspiration à vivre selon son mode de vie est ce qu’il y a de plus partagé dans le monde. Cela n’exclut pas d’accueillir celui d’autrui. Ce qui compte, c’est l’ajustement respectueux entre les deux, sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. Et c’est justement là tout l’enjeu de la laïcité. Sa promotion est gage du vivre ensemble.
 
 
Les accueils collectifs de mineurs face à la laïcité
Du fait de leur statut, les fonctionnaires travaillant au sein des services enfance des municipalités, de l’animation sportive cantonale dépendant des Conseils départementaux ou encadrant les activités de loisirs menées dans les internats de l’Éducation nationale sont tenus aux règles de la laïcité. Les associations intervenant dans le secteur de l’animation n’y sont pas soumises. C’est d’autant plus le cas pour les ACM confessionnels. Il est légitime, quand on est croyant de vouloir que ses enfants fréquentent des écoles et centres de loisirs les accueillant dans l’esprit de sa foi. Les familles les confient alors en connaissance de cause.
 
 
 
Vrai ou faux ?
La laïcité s’oppose à la pratique religieuse. Faux.
Si certains partisans d’une laïcité intégrale veulent réduire ces pratiques au seul domaine privé, quand d’autres défendent une laïcité ouverte élargissant l’expression publique des croyances, la loi de 1905 est claire : elle garantit la liberté de tous les cultes, avant d’imposer aux fonctionnaires une stricte neutralité dans la manifestation de leurs convictions quelle qu’elles soient
 
La religion n’a pas sa place dans les ACM. Faux.
Si le projet éducatif de l’association est cultuel, cette pratique est tout à fait légitime, chaque parent faisant un choix éclairé d’envoyer son enfant dans un centre dont il connaît l’intention. Dès lors où le projet éducatif se fonde sur la laïcité, affichant ainsi une volonté  claire de neutralité quant aux manifestations religieuses, les familles ne peuvent exiger une implication quelconque dans une activité cultuelle quelle qu’elle soit.
 
La Laïcité s’oppose à l’application des prescriptions religieuses dans les repas servis dans les ACM  Vrai.
Il existe des interdits alimentaires dans toutes les religions. Les familles de croyance catholique, musulmane, juive, bouddhiste ou hindouiste peuvent demander que la nourriture préparée en ACM soit respectueuse de leurs règles cultuelles. Dès lors où le projet éducatif s’appuie sur le principe de laïcité, il est difficile de répondre à toutes ces revendications. Il n’est pas envisageable de proscrire le porc ou de ne servir que de la viande hallal, pour tout le monde. Il est possible, par contre, sous réserve de disposer du budget suffisant, de proposer des menus très diversifiés offrant un large choix, chaque enfant pouvant opter pour les aliments en conformité avec sa croyance familiale.
 
La laïcité interdit toute commémoration de fêtes à connotation religieuse dans les ACM. Vrai et faux.
Les associations cultuelles peuvent organiser ce type de manifestations en adéquatrion à leur projet éducatif. Dans les associations fondées sur la laïcité, l’expression directe d’un culte ou d’un autre n’est pas envisageable. Par contre, fêter noël ou la fin du ramadan peut s’organiser dès lors où tous les enfants, quelles que soit leurs convictions, sont invités à se mêler. C’est la convivialité, le plaisir d’être ensemble et le partage d’un même moment festif qui sont alors privilégiés, toute cérémonie à caractère directement religieux n’ayant pas sa place.
 
La laïcité proscrit le port de signes religieux ostensibles dans les ACM. Vrai
La loi de 2004 interdisant le port de tels symboles dans les écoles. Mais rien n’est prévu pour les ACM. Là aussi, la règle est différente selon que l’on a à faire avec un ACM cultuel ou non confessionnel. Dans le premier, il peut être autorisé, quand le second peut exiger, dans son règlement intérieur que les adultes tout comme les enfants qui le fréquentent se montrent discrets dans l’affichage de leurs opinions politiques ou religieuses, par respect du principe de neutralité

 
Les animateurs sont confrontés pour eux-mêmes  ou pour leur public (demandes des familles ou attitudes des enfants et adolescents) à toute une série questions pratiques : peuvent-il refuser d’encadrer certaines activité au nom de leurs convictions ? Le public qu’il accueille peut-il pour les mêmes raisons refuser d’y participer ? Comment articuler la nécessaire assiduité avec la participation aux grandes fêtes religieuses ? Quelle place celles-ci peuvent-elles prendre dans les activités ? Dans quelles limites accepter le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance ou politique ? Faut-il adapter la nourriture aux prescriptions religieuses ? Bien des questions auxquelles un site in contournable répond en s’appuyant sur la loi et la jurisprudence : http://www.laicite-educateurs.org
 
 
Lire l'interview : Pena-Ruiz Henri - La laïcité

 
Ressources :
« Dictionnaire amoureux de la laïcité »
Henri Peňa-Ruiz, Ed. Plon, (2014)
Les religions sont-elles dangereuses ? Non, si elles n'engagent que les croyants. Oui, si elles prétendent à nouveau dicter la loi commune. Les fanatismes religieux d'aujourd'hui sont inquiétants. Face à eux, un seul rempart : la laïcité. Une laïcité contestée par les nostalgiques des privilèges publics des religions. Pourtant, elle fournit à des hommes d'origines très diverses un cadre commun universel, délivré des traditions rétrogrades. Elle les unit tous, en conjuguant le respect des différences et l'émancipation de chacun. Histoire, géographie, philosophie, littérature, théologie, sociologie, droit font de ce livre une véritable encyclopédie de la laïcité. On s'y promènera " à sauts et à gambades " pour en comprendre le sens et l'enjeu, admirer ses héros, goûter les beaux textes qu'elle a inspirés, mesurer sa dynamique aux divers points du globe.
 
 
« La laïcité »
Michel Miaille Ed. Dalloz (2015)
La laïcité de la République, devenue règle constitutionnelle depuis 1946, apparaît comme l'un des éléments de définition du régime politique avec la démocratie et le caractère social. Longtemps contestée mais devenue principe constitutionnel consensuel, la laïcité reste méconnue, mal comprise et objet de toutes les manipulations. La laïcité n'est pas exclusion mais d'abord principe de liberté et d'égalité dans le respect de l'ordre public. Avec la reproduction de textes de référence, souvent oubliés, cet ouvrage de réflexion intéressera les étudiants, les enseignants, les responsables associatifs et spécialement ceux de l'éducation populaire. Michel Miaille est professeur honoraire à la Faculté de droit de l'Université Montpellier I. Il est militant associatif, notamment à la Ligue de l'Enseignement. 
 
« Comment parler de laïcité aux enfants »
Rokhaya Diallo et Jean Baubérot, Ed. Le Baron Perché (2015)
Citoyenneté, liberté, justice, loi, respect... autant de mots que nous entendons chaque jour et autant d'expressions qui ne semblent plus dire grand-chose aujourd'hui. Il est donc impérieux de parler de laïcité en ce moment, à la maison ou à l'école pour dépasser les préjugés et pour mieux expliquer ce concept à la base de notre république. Les auteurs proposent, à l'aide de quinze fiches illustrées, un parcours au coeur de nos institutions en mettant l'accent sur les règles qui organisent notre société : la neutralité de l'État face aux religions, la liberté pour chaque citoyen de pratiquer sa religion, l’égalité des différentes croyances entre elles. En 2015, la laïcité peut être un mécanisme de défense face à des problèmes d'insécurité, d'incivilité, et elle entraîne concrètement un sentiment d'injustice, et de stigmatisation.
 
« Les sept laïcités françaises - Le modèle français de laïcité n'existe pas »
Jean Baubérot (2015)
Avec la loi de séparation des Églises et de l'État (1905) et son inscription dans la Constitution (1946 et 1958), la laïcité apparaît comme une référence importante en France. Une certaine confusion s’est installée, depuis notamment que, valeur essentielle de la gauche hier, elle est de plus en plus omniprésente dans le discours politique de (l’extrême) droite. En fait, nous indique Jean Baubérot, il n’existe pas de "modèle français" unique de laïcité mais des visions divergentes qui s’affrontent dans un rapport de forces toujours évolutif. Le contenu de la loi de 1905 a représenté un enjeu entre quatre conceptions différentes de la laïcité auxquelles se sont rajoutées trois "nouvelles laïcités". Ces sept laïcités, l’auteur nous les décrit en les qualifiant de : laïcité antireligieuse, laïcité gallicane, laïcité séparatiste stricte, laïcité séparatiste inclusive, laïcité ouverte, laïcité identitaire et laïcité concordataire.
 
 
 
Le dossier « Vivre la laïcité en ACM » incontournable outil pratique et de réflexion, publié en février 2011 dans le numéro 116 , par ailleurs épuisé, a été réédité dans le supplément « Les Indispensables Vol. 1 : Vivre ensemble »
 

Les animateurs sont confrontés pour eux-mêmes  ou pour leur public (demandes des familles ou attitudes des enfants et adolescents) à toute une série questions pratiques : peuvent-il refuser d’encadrer certaines activité au nom de leurs convictions ? Le public qu’il accueille peut-il pour les mêmes raisons refuser d’y participer ? Comment articuler la nécessaire assiduité avec la participation aux grandes fêtes religieuses ? Quelle place celles-ci peuvent-elles prendre dans les activités ? Dans quelles limites accepter le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance ou politique ? Faut-il adapter la nourriture aux prescriptions religieuses ? Bien des questions auxquelles un site in contournable répond en s’appuyant sur la loi et la jurisprudence : http://www.laicite-educateurs.org
 
 

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation  ■ n°166 ■ février 2016