De l’individualisme à la quête identitaire

On déplore volontiers l’égotisme envahissant qui menacerait le vivre ensemble. Pourtant, la tyrannie qu’exerçait autrefois le groupe de référence sur ses membres n’a rien à envier à celle d’un individualisme contemporain méprisant ses appartenances. Les deux modèles de société présentent bien des vertus (s’inscrire dans un collectif pour l’une et respecter la singularité de chacun(e) pour l’autre) tout autant que de perversités (étouffement de l’individu versus mépris de l’intérêt commun). L’être humain étant avant tout social, ce sont là les deux faces d’une même médaille. Si l’interdépendance au cœur de notre espèce a été imprudemment sortie par la porte de devant, elle est entrée par celle de derrière sous forme de la quête identitaire. Tentons non de les opposer, mais de les synthétiser.

 

De l’hétéronomie à l’autonomie

Les deux paradigmes de vie en société qui privilégient respectivement le groupe pour l’un et l’individu, pour l’autre, recèlent des atouts et des dérives invalidantes. Les identifier permet de mieux les cibler, dès lors où l’on cherche à les dépasser.

Pendant très longtemps, notre espèce a vécu au sein de sociétés qui se fondaient sur des normes extérieures. Le destin de chacun(e) y était décidé, hors de toute volonté individuelle. Son parcours de vie échappait à son auteur(e) qui devait s’en remettre à la providence ou à son « karma », à son destin ou à la volonté d’un quelconque Dieu. Ce qui devait arriver arriverait, inévitablement. Il fallait l’accepter comme les conséquences d’une volonté supérieure. Un carcan de pensée structurait l’individu, ordonnant le moindre de ses actes personnels ou collectifs. Tout était organisé pour que chacun(e) se reconnaisse comme partie d’un ensemble. On était là dans la logique de l’hétéronomie, cette organisation sociale qui correspond à la soumission à une loi échappant à l’individu. Même si ce modèle sociétal est loin d’avoir disparu, l’accession progressive à la modernité a fait une place croissante au « sujet ». L’émergence du processus d’individualisation a permis progressivement de passer d’une société assujettie à une société sujet d’elle-même. Ce qui est dorénavant promu, c’est la singularité de la personne, dont on promeut la capacité à l’autonomie, à l’autodétermination et au jugement personnel.

 

Triomphe du narcissisme

L’impressionnante augmentation des rayons de librairie présentant des dizaines de titres consacrés au développement personnel en est la meilleure illustration. Guy Corneau l’explique très bien (1). La véritable essence de chacun(e), explique-t-il, ne réside pas dans l’appartenance à un quelconque groupe de référence, mais relève d’une individualité profonde faite de goûts et de talents, de qualités et de dons, de potentialités et d’aptitudes. La nécessité de s’adapter aux exigences des autres nous coupe progressivement de nos sensations profondes. Conséquence : plus nous sommes séparés de la jouissance de nos propres talents, plus nous nous trouvons prisonniers de l’image artificielle que nous avons été contraints de créer, pour obtenir l’approbation d’autrui. Mais, si ces mécanismes sont inévitables, leur diktat ne l’est pas. On peut converser avec elles. Nos vies peuvent redevenir intelligibles, pour autant que nous nous autorisions à les comprendre, que nous acceptions d’écouter les bruits qui s’élèvent de nous, que nous établissions une intimité bienveillante avec nous-mêmes. C’est seulement ainsi, que nous pourrons renouer avec l’énergie et la force créatrice qui gisent au fond de nous. La démonstration de Guy Corneau s’inscrit dans la logique d’une autonomie de l’individu valorisée et encensée comme voie royale du bonheur.

 

L’envers de la médaille

Cette évolution, pour respectueuse de l’individu qu’elle puisse être, n’en présente pas moins un certain nombre d’effets pervers. Certes, elle constitue un réel progrès par rapport à l’étouffante pression de groupe d’autrefois. Mais, elle a engendré des représentations potentiellement tout aussi nocives. L’individu tend à se considérer lui-même dans un fantasme d’auto engendrement. Il serait le seul à être le producteur de ce qu’il est, ignorant qu’il est avant tout l’émanation de son époque, de sa famille et de son éducation. Le culte du « je » ignore que chacun(e) d’entre nous est, avant tout, un(e) parmi tant d’autres. La cohésion sociale qui fait société est perçue non pas tant comme l’appartenance à une communauté, mais comme une juxtaposition de légitimités individuelles. La quête de maîtrise de sa propre vie est si puissante, que toute contrariété est perçue comme une injustice insupportable. Et tout échec est vécu comme une défaite avant tout personnelle, chacun(e) n’ayant qu’à s’en prendre qu’à soi-même. La réussite nécessite la défense de ses intérêts individuels qui passent au-dessus de tout. A la soumission passive au groupe d’hier s’oppose l’égocentrisme.

 

(1) « Le meilleur de soi. Le rencontrer, le nourrir, l'exprimer » CORNEAU Guy, Robert Laffont, 2007

 

Le rôle du cerveau

L’ocytocine est une hormone amplifiant la confiance, l’empathie, la générosité, la sexualité, le lien social et la réactivité aux stress. Des recherches menées à Amsterdam en 2010 attestaient de son effet d’amplification sur la bienveillance à l’égard des membres de son groupe et sur l’aversion à l’égard des inconnus. Des nouvelles études ont permis de relier ces effets avec un contexte de compétition ou de coopération. Cette hormone ne ferait que renforcer la tendance dominante.

 


Jusqu’où affirmer ses appartenances ?

Sur le terrain, il n’est pas rare que le monde de l’animation soit confronté à un public en pleine recherche et/ou proclamation identitaire. Comment appréhender cette quête ? Quel sens lui donner ? Quels pièges et dérives induit-elle ? Comment réagir ?

 

La recherche d’adhésion à un groupe fait partie du besoin de reconnaissance. L’image de soi se renforce au contact des autres. Et celle que l’on valorise se fonde et renvoie à une identité qui, pour être potentiellement spécifique, se rattache aussi à des rituels sociaux. Si l’on apprécie de porter un vêtement original qui n’est pas le même que celui de son voisin, il s’inscrit néanmoins dans un registre collectif (que ce soit sous l’effet de la mode ou à cause du symbole qu’il représente). Si l’on s’inscrit dans un style musical nous différentiant d’autrui, nous apprécions pourtant de partager nos goûts dans un même concert. Si nous aspirons à exercer la profession que nous avons choisie, l’orientation qui nous y a menés est rarement le fait d’un simple hasard, mais le produit de rencontres et de conseils qui nous ont influencés. Les identités que nous nous somme forgés sont donc étroitement liées aux interactions qui nous relient les uns aux autres. C’est un creuset où s’articulent à la fois la recherche de multiples formes d’épanouissement personnel et à la fois le rattachement à des références partagées. Ce n’est donc sans doute pas une coïncidence si l’on assiste aujourd’hui à l’émergence d’une quête identitaire. Ne serait-ce pas là une réaction face au développement d’un individualisme qui a peut-être trop isolé, morcelé, cloitré l’individu, comme s’il était un électron libre, errant dans une société aux membres éparpillés.

 

Les effets pervers de l’identité

Rejoindre un groupe de supporters sportifs, se revendiquer d’une religion, militer dans un syndicat, participer activement aux activités d’une association, rallier une manifestation de rue ou encore adhérer à une cause qui nous tient à cœur, c’est d’abord se distinguer et opter pour une orientation originale. C’est encore assumer un choix individuel. Mais, c’est aussi se conformer à un collectif dans lequel on se reconnaît, s’ajuster pour correspondre à ses exigences et s’imprégner de ses mythes, de ses croyances et de ses discours. Ce rattachement présente bien des bénéfices potentiels : sentiment d’appartenance, de protection et de solidarité réciproque, partage de valeurs communes, etc … Mais, les risques de dérives sont tout autant présents. Si l’identité de groupe, qui se structure alors, permet la valorisation et le renforcement de l’estime de soi de ses membres, elle peut aussi se retourner contre les personnes qui n’appartiennent pas au même collectif. L’ostracisme qui s’ensuit peut déboucher sur une stigmatisation et un rejet et pourquoi pas un sectarisme face à tout ce qui n’est pas soi.

 

La passion identitaire

Depuis quelques années, le débat public est parfois pris en otage par de multiples polémiques renvoyant à des identités fermement revendiquées, justifiant des prises de position plus ou moins radicales. D’un côté, les adeptes de « racines chrétiennes » éructent contre toutes celles et tous ceux qui n’y sont pas directement rattachés. Ils oublient que le peuplement de notre continent s’est fait depuis des milliers d’années par vagues successives de migration, 40% de la population française ayant des ancêtres immigrés. De l’autre côté, certains parmi les groupes issus des publics cibles de tant de discriminations liées à leur genre, à leur ethnie, à leur religion, à leur orientation sexuelle … revendiquent un véritable enfermement dans leur identité, comme dans une forteresse assiégée. Ils oublient que la lutte contre toutes les stigmatisations, quelles qu’elles soient, ne doit pas être l’affaire des seules victimes, mais concerne tout citoyen épris des droits humains. Cette revendication universaliste doit unir toutes celles et tous ceux qui partagent la même conviction : le partage de la même humanité, quelle que soient nos spécificités et différences.

 

Reconnaître

C’est au nom des valeurs universalistes républicaines que la politique coloniale française a opprimé 110 millions de personnes. Toutes les populations soumises devaient assimiler la culture, la langue française et les valeurs de la République. Assumer cet lourd héritage, c’est reconnaître combien le concept d’universalisme a été instrumentalisé pour justifier la tyrannie, les massacres et la domination. Mais, c’est aussi réhabiliter ses fondements humanistes et émancipateurs initiaux.

 


S’affirmer sans rejeter l’autre

L’égoïsme comme émanation potentielle de l’individualisme et l’intolérance comme expression putative de l’identité de groupe : comment l’animation peut-elle répondre à ces dérives, en promouvant à la fois l’individu et l’ouverture à la différence ?

Il peut sembler incompatible de reconnaître chaque individualité unique et singulière, tout en respectant les appartenances collectives. Il est sûr qu’il est bien plus facile de choisir un camp contre l’autre. Libre à chacun(e) de le faire. Pourtant, le risque est d’avancer à cloche-pied, tant l’usage de ces deux paradigmes est aussi utile que de marcher sur ses deux jambes.

 

Déconstruire les évidences

Comment réagir face à une personne qui s’enferme dans son affiliation à un groupe faisant référence pour elle ? Peut-être, en l’incitant systématiquement à se positionner de façon personnelle, en développant son sens critique, en l’autorisant à penser par elle-même. « Ton club de supporters, les copains de ton quartier, ta religion … affirment qu’il faut agir, réfléchir ainsi. Mais toi, comment tu vois cela ? » Après avoir récité une leçon bien apprise, pour affirmer sa loyauté envers son groupe, il n’est pas rare que la personne développe sa propre vision. Et en approfondissant sa pensée, elle va peu ou prou faire preuve de créativité, s’essayant à un minimum de contextualisation et d’adaptation de ses convictions initiales.

Comment réagir face à une personne qui revendique sa totale liberté de choix et de décision, affirmant avec force ne dépendre de personne et bien décidée à faire ce qu’elle veut, quand elle veut ? Là aussi, un échange peut s’avérer fructueux. Il est alors possible d’évoquer les liens avec sa famille, ses amis, ses collègues de travail. Ce qu’elle leur apporte et ce qu’elle retire des relations affectives, professionnelles, sociales avec ses proches. « Il y a bien des personnes qui ont compté dans ta vie, celle sur qui tu as pu t’appuyer, en cas de besoin. Il y en a peut-être d’autres que tu soutiens ou que tu aides ». Ainsi peut cheminer la conviction voulant que la meilleure autonomie qui vaille est celle qui permet d’identifier ses dépendances.

Ce n’est bien sûr pas magique. Mais, un tel dialogue peut être source de nuances, de relativité et de variations. En s’engageant dans un tel échange, le ver est dans le fruit ! La déconstruction des certitudes premières s’est amorcée. A condition, toutefois, d’avoir manifesté une grande tolérance, ce qui implique d’éviter toute stigmatisation visant à démontrer que l’autre a tort, ce qui reviendrait à lui opposer brutalement sa propre vérité, et à créer des antagonismes irréversibles source de blocage …

 

De la parole à l’activité

Mais, il n’y a pas que dans la relation inter individuelle que l’on peut tenter de faire reculer les dérives autocentrées ou identitaires. Il y a mille autres façons de réagir.

Il existe aujourd’hui un riche répertoire d’activités fondées sur la coopération, l’entraide et la solidarité, la participation de toutes et de tous s’avérant indispensable pour avancer. On peut, tout autant, favoriser les sports d’équipe où chacune(e) occupe une place et un rôle, pièce essentielle pour le succès du groupe. Sans oublier la mutualisation des compétences, chaque participant pouvant apporter sa contribution à un projet commun, à partir de ce qu’il sait particulièrement bien faire.

Pour ce qui est de la préservation de chaque individualité au sein d’un groupe, on peut veiller à proposer le plus d’activités différentes, afin de casser l’effet collectif au profit d’un choix individuel selon ses goûts. On peut aussi confier une tâche particulière à chaque participant, afin de lui reconnaître une fonction spécifique et originale. Pourquoi ne pas solliciter à tour de rôle les uns et les autres, pour que chacun(e) propose un jeu ou une idée qui sera choisi par le groupe.

L’animation ne saurait privilégier un axe plutôt qu’un autre. C’est, au contraire, en les articulant qu’elle peut promouvoir concomitamment le sujet et le groupe, en évitant que l’un n’écrase l’autre.

 

Quadrature du cercle

L’articulation entre le groupe et l’individu est toujours une gageure en animation. On peut, par exemple, dédier un(e) intervenant(e) à toutes celles et tous ceux qui ne se satisfont pas des activités proposées. Au risque de voir ce groupe se mettre pas à enfler, la singularité ainsi proposée devenant très attirante pour ses futurs participants. Tenir compte des souhaits individuels tout en faisant collectif constitue un défi tout aussi inconfortable qu’ambitieux à relever.



à lire
Interview de Laacher Smaïn - Godart Elsa - Quête identitaire

 

Ressources

Sept livres …

« L'Individualisme est un humanisme » François de Singly, ‎ Ed. de l’Aube, 2019
François de Singly répond aux détracteurs de l'individualisme. Souvent on pense l'individualisme comme le règne de la concurrence généralisée, de la guerre de tous contre tous et du libéralisme économique. C'est oublier que l'individualisme occidental est tout autre chose : avoir, par exemple, le droit d'aimer quelqu'un sans intervention familiale, de participer à une élection démocratique et aux décisions concernant sa vie… Certes, cette liberté exige que l'individu aie les moyens de devenir lui-même et de ne pas subir de discriminations. Alors, l'individualisme devient un humanisme. L'horizon positif de cet essai fournit des arguments pour critiquer ce qui tend, en permanence, à faire que certains soient moins « individus» que d'autres.

« Moi, je ! De l'éducation à l'individualisme » Daniel Marcelli, Éd. Albin Michel, 2020
Depuis le XVIIe siècle, l'être humain est passé du statut de sujet à celui d'individu. Cette évolution concerne aussi le bébé, sur lequel le regard a changé. À partir des années 80, celui-ci est vu comme une personne, abstraction faite de son état de dépendance primitif. Unique, doté d'un potentiel à développer, l'enfant est d'emblée érigé en un individu dont le désir s'impose. La verticalité disparaît, et avec elle le principe d'autorité traditionnelle. La question de l'identité apparaît alors telle qu'elle se pose aujourd'hui, où l'individualisme triomphe. Si chez l'individu le « moi d'abord » occulte le rapport à l'autre, le lien social risque d'être menacé et la société d'en payer le prix.

« Controverses sur l'individualisme » Danilo Martuccelli, Ed. Hermann, 2015
Depuis l'avènement des temps modernes, l'individualisme n'a cessé d'être l'objet de réflexions croisées dans les sciences humaines et sociales. Pour certains, il s'agit d'une des grandes matrices historiques des sociétés contemporaines et d'un principe indubitable de liberté des individus ; pour d'autres, au contraire, il est un objet indispensable de critiques parce qu'il est une des grandes sources des maux des sociétés modernes. Pour de ce livre, l'individualisme a été surtout une boussole pour revenir, à partir de leurs trajectoires personnelles, sur différentes traditions intellectuelles. Au cours de cinq conversations, souvent par des visions polémiques, les deux auteurs, expriment certains accords et désaccords, mais surtout des remarques et des explicitations critiques.

« L’identité, pour quoi faire ? » ‎ Folio collectif 2020 ‎collectif
Parce qu'on l'associe spontanément, aujourd'hui, à une série d'inquiétudes portant sur la culture, les traditions, les manières de vivre, et parce qu'elle peut nourrir une rhétorique d'exclusion, voire de violente intolérance, la notion d'identité est parfois réduite à ses enjeux les plus périlleux. Or elle dépasse de loin ces seuls débats. Avant même de toucher à la politique, la question de l'identité s'impose à tout individu conscient. L’évacuer, en faire un mot maudit, un mot moisi, sous prétexte qu'il provoquerait une dérive "essentialiste", ce serait passer à côté de l'essentiel. Ce serait ignorer que, pour déconstruire l'identité, il faut d'abord en affirmer l'épaisseur humaine, et même, peut-être, en revendiquer la puissance émancipatrice.

« Race et sciences sociales : Essai sur les usages publics d'une catégorie » Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, Éd. Agone, 2021
Sur le terrain de la « race », toute prise de position est perçue comme une concession à l’adversaire, voire à l’ennemi. L’urgence d’y voir clair n’en est que plus grande. D’abord parce que le langage identitaire est devenu incontrôlable et peut servir toutes les manipulations. Ensuite parce que dans les discours publics, la “race” fonctionne désormais comme une variable bulldozer qui écrase toutes les autres. Enfin parce que le langage identitaire prive le combat anti-raciste de son référent universaliste. Comment les sciences sociales d’aujourd’hui peuvent subir cette évolution ou y contribuer ? On ne peut rien comprendre au monde dans lequel nous vivons si l’on oublie que la classe sociale reste le facteur déterminant auquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes.

« La matrice de la haine » Frédéric Potier, Éd. de  L'Observatoire, 2020
Ceci livre est un plaidoyer en faveur de l'universalisme des droits et d'une République forte et généreuse. Face aux tensions et discriminations qui enflamment la France, souvent amplifiées par les réseaux sociaux, l’auteur propose un état des lieux aussi documenté qu'alarmant des discours et des actes de haine en France. Ce combat n'est pas le monopole réservé à une ou plusieurs « communautés » ; il ne fait qu'un : lutter contre le racisme, l'antisémitisme, la LGBT-phobie, au nom d'idéaux qui nous sont communs ; s'y opposer pour les mêmes motifs que nous refusons la peine de mort ou la torture, car il s'agit tout simplement de violations des droits humains fondamentaux ; voici les valeurs, inspirées des Lumières, qui doivent être érigées en principe moral et politique.

« L'ère de l'individu tyran : La fin d'un monde commun » Eric Sadin, Éd. Grasset, 2020
Protestations, manifestations, émeutes, grève ; crispation, défiance, dénonciations…La violence avec laquelle la colère se manifeste à présent est inédite car exprimée par un sujet nouveau : l’individu tyran. Né avec les progrès technologiques récents, l’apparition d’internet, du smartphone et les bouleversements induits par la révolution numérique, c’est un être ultra connecté, replié sur sa subjectivité, conforté dans l’idée qu’il est le centre du monde, qu’il peut tout savoir, tout faire, convaincu de pouvoir peser sur le cours des choses. Jamais combinaison n’aura été plus explosive : les crises économiques renforcent l’impression d’être dépossédé, la technologie celle d’être tout-puissant. Plane la menace d’un "totalitarisme de la multitude".

 

 

Et sept videos :

Comment l'individualisme transforme-t-il le lien social ?
Une vidéo de SES terminale pour comprendre comment l'individualisme transforme le lien social avec les notions de solidarités mécanique et organique.
https://www.youtube.com/watch?v=F39RDHE9OpU

Groupe d'appartenance et de référence
L'analyse des sociétés occidentales organisées en classes sociales est remise en cause [par] l'idée que celles-ci sont en fait de plus en plus structurées par des formes d'individualisation ou d'individualisme.
https://manuelnumeriquemax.belin.education/ses-terminale/topics/ses-tle-c06-224-a_b-individualisation-et-identification-a-un-groupe-social

Pourquoi l’individualisme, peu adapté à la survie de l’espèce, est à la hausse

L’homme est fait de contradictions. Cet animal social ne peut vivre seul. Pourtant, son besoin de liberté et sa volonté de puissance l’opposent constamment aux autres. Et si la socialisation est la stratégie adaptative la plus efficace, c’est l’individualisme qu’il affectionne à présent.
https://www.youtube.com/watch?v=-gB5x4LshGo&t=2s

Jean-Michel Cornu (Auteur du livre : « le guide de l'animateur, une heure par semaine pour animer une grande communauté »)
Sa chaîne Youtube propose des dizaines de courtes vidéos de moins de 10' sur la coopération et l'animation de groupes et de communautés
https://www.youtube.com/c/jmichelcornu
http://cornu.viabloga.com/news/quelle-est-la-juste-place-du-collectif-dans-un-groupe

Quand l’individualité disparait
À l’école, à l’université, dans l’entreprise, l’important serait d’être dans la norme. Mais vous êtes-vous déjà posé la question : cette norme, à quoi correspond-elle ? Réponse : à rien !
https://www.youtube.com/watch?v=EggDIg6Vfys&t=14s

Le conformisme social
Comment le conformisme social modèle nos comportements ? Découvrez l’expérience étonnante reproduite par NG sur la « tyrannie de la majorité » et la puissance de notre besoin de conformité au groupe !
https://www.youtube.com/watch?v=QOZRim9SKm8&t=8s

L’expérience de Asch
L’expérience de Asch fait écho à un biais comportemental :  celui du mimétisme de la foule ou le comportement moutonnier. Nous avons tendance à nous comporter comme les gens qui nous entourent.
https://www.youtube.com/watch?v=gGHQWZpA7Uc