Du placement à la suppléance familiale. Actualité de la recherche internationale

TILLARD Bernadette et RURKA Anna, L’Harmattan, 2009, 154 p.

La résolution de Malmöe adoptée en 1990, lors de la conférence de la Fédération internationale des communautés éducatives qualifia d’efficace le placement en foyer éducatif, en recommandant de proposer cette solution non en dernier recours, mais comme un moyen disponible à utiliser, au bon moment. En mai 2003, la déclaration de Stockholm stigmatisa cette ressource, en la caractérisant comme intrinsèquement négative. Comment départager ces appréciations totalement contradictoires, sinon en se tournant vers les recherches scientifiques qui nous permettent  de nous libérer du sens commun. C’est ce que propose ce petit ouvrage qui nous invite à abandonner nos préjugés. La plupart des études ont établi d’une manière irrévocable que la prise en charge en internat éducatif améliore le fonctionnement psychosocial des enfants et adolescents qui y sont placés. Deux conditions permettent toutefois de renforcer cette perspective positive : un accueil suffisamment étendu dans le temps et la possibilité de tisser un attachement envers un adulte bienveillant. Autre enseignement de ces recherches internationales : le maintien des liens avec la famille biologique n’est pas une priorité universelle. La France est dans une approche tout à fait opposée à celle de ses voisins du Royaume Uni, par exemple. Dans notre pays, la séparation est conçue dans une logique provisoire qui doit permettre de soigner la relation de l’enfant avec ses parents, l’aide et le soutien à la famille restant la clé de voûte de la protection de l’enfance. Rien de tel outre-Manche. Ce qui y est privilégié, c’est la recherche de stabilité pour l’enfant. La solution proposée peut alors être l’adoption, y compris contre l’avis des parents, même si cette adoption, contrairement à la France, est ouverte et n’exclut pas par principe le maintien des liens avec la famille biologique. Dans l’idéal, les droits de l’enfant, ceux des parents et ceux de la société devraient être complémentaires. Et les études épidémiologiques confirment que dans 85 à 93% des cas, le développement de l’enfant se fait sans trouble psycho social ou psychiatrique majeur. Dans les autres cas, une proposition de chercheurs néerlandais, quoique bien trop simpliste, a néanmoins l’avantage de réconcilier les modèles français et britannique. Elle suggère le soutien intensif de la famille en difficulté, durant six mois. Si l’amélioration de la situation ne devait pas éloigner les menaces sur le devenir de l’enfant, un placement d’une durée de six mois à un an serait mis à profit pour continuer à travailler les relations familiales. Sans progrès notable, l’orientation consisterait alors à chercher un accueil fiable et dans la durée permettant à l’enfant de développer une nouvelle relation d’attachement.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°951 ■ 26/11/2009