Les invisibles

TOULOUSE Philippe, Éd. Max Milo, 2020, 239 p.

Il faut lire ce récit digne d’un thriller qui met en scène un éducateur spécialisé se dressant face à une collusion politico-associative qui, dans le même temps où elle réduit drastiquement les moyens de l’action sociale locale, perpétue un cocktail de privilèges pour une poignée de hauts dirigeants (salaires élevés, voitures de fonction de luxe, frais de logement privé remboursés etc…). Philippe Toulouse, surnommé le petit frère des sans-abris, n’hésite ni à interpeller publiquement les autorités, les financeurs et sa hiérarchie, ni à prendre des initiatives en passant par-dessus leur inertie, ni à solliciter les médias. Mal lui en prend. Il va subir un harcèlement professionnel (mise au placard, blocage de carrière…), policier (trois gardes à vue, fondées sur de fausses accusations) et judiciaire (un procès qui finalement le relaxera) fomenté par une coterie se croyant toute puissante. C’était sans compter sur la persévérance et le courage d’une personnalité hors-norme qui finira par gagner. La lutte aura été rude, parsemée d’épreuves, comme le suicide d’un salarié broyé par un management brutal qui vaudra à l’association dix-neuf jours de retrait de ses deux cents salariés. Mais, il ne sera pas perdu pour tout le monde, l’un des directeurs partant avec un parachute de 300 000 euros ! Aujourd’hui, l’association s’est assainie, certains de ses anciens dirigeants sont mis en examen. Et Philippe Toulouse, s’inspirant de la force mentale dont il a fait preuve, transmet aux enfants la gestion des émotions. Cette lecture est hallucinante. Certes, elle peut inquiéter : un tel système de corruption associatif mafieux est-il vraiment isolé ? Mais, elle montre aussi que se battre contre la toxicité de certaines directions, source de tant d’épuisement et de découragement, n’est pas un combat perdu d’avance.