Les associations d’action sociale - Outil d’analyse et d’intervention

Jean Afchain, Dunod, 1997/2001 270 p.

Le livre de Jean Afchain constitue une approche passionnante du monde associatif de l’action sociale. Mais il est plus proche du manuel que de l’essai. On ne le lit pas comme cela d’un trait. On va plutôt le consulter comme un ouvrage de référence. On le referme et on y revient. Il peut servir à la fois de base de réflexion et de source d’informations. Vous souhaitez connaître l’importance du monde associatif ? Il représente 802 600 équivalents temps plein (soit 4,2 % de l’emploi total) et 217 milliards de francs (soit 3,3 % du PIB). Vous vous intéressez plus particulièrement à son évolution dans le monde contemporain ? Vous le verrez se transformer au gré d’une idéologie dominante qui est passée d’un État-providence qui faisait la promotion de la justice distributive à une idéologie libérale qui valorise la compétition, la performance et les gagneurs, et préconise la maîtrise des dépenses sociales. Vous souhaitez connaître la véritable nature de ce type d’institution ? Vous comprendrez qu’elle n’est ni une quasi entreprise ni une quasi administration mais relève d’une dynamique solidaire issue de la société civile. Vous vous inquiétez de la responsabilité civile et pénale respective d’un président et d’un directeur ? Ce sont les statuts, les règlements et délibérations du bureau et conseil d’administration qui précisent les pouvoirs de chacun (qui peuvent être étendus ou limités). Vous voulez tout savoir sur les styles de management et d’intervention des salariés ? Vous apprendrez ce qui différencie le gestionnaire du manager et du dirigeant d’action sociale, mais aussi du simple participant, du militant et de l’acteur social. Quant à l’évaluation, elle fait l’objet d’un code de bonne conduite permettant de respecter le conseil de Gaston Bachelard : « Il ne faut pas compter pour réfléchir mais réfléchir pour compter ». On pourra, en outre, utiliser les nombreuses typologies exposées ici qui permettent, par exemple, d’identifier parmi les associations, celles qui sont plutôt boulimiques (multipliant sans fin le nombre de services) ou anorexiques (qui s’éteignent faute de clients), paranoïaques (à nous le monde… nous sommes les meilleurs. Tout le monde nous en veut… Mais ce sont des incapables), schizophrènes (décalage entre discours et action) ou encore celles qui sont inhibées (intéressantes mais ce sont les seules à ne pas le savoir). Et puis, il y a la dénonciation de la fuite en avant vers l’économisme simplificateur, le management entrepreneurial et le marketing social : la comptabilité n’a toujours été capable que de mesurer les coûts du social, jamais son produit ! Quant à la destinée de toute association, se doit-elle de passer par les phases de conquête, de consolidation économique, de coexistence entre gestionnaires et militants et enfin de pouvoir gestionnaire ? Une mine, ce bouquin : sa richesse et sa culture en font un outil précieux. Surtout à ne pas manquer !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°601 ■ 13/12/2001