Le travail avec les familles: de la gestion des tensions à la création d’espace de rencontre

Les Cahiers de l’Actif n°456-457-458-459, Mai-août 2014, 330 p.

Pour toute famille, rencontrer un éducateur, c’est subir potentiellement le statut de parent inadéquat. C’est particulièrement vrai en cas de retrait d’enfant intervenant dans un contexte de judiciarisation, circonstances dans lesquelles l’alliance des professionnels avec les familles n’est pas toujours facile à construire. Mais, cela concerne tout aussi bien d’autres cadres d’intervention. Car, le fantasme qui transpire trop souvent chez les éducateurs, c’est bien de se montrer meilleur parent que les parents eux-mêmes, le risque principal étant de passer à côté d’un potentiel qui de ne demande qu’à se déployer. Leur action s’inspire de quatre modèles. Le premier est intégratif et normatif : il s’agit de combler, réparer et guérir les manques et les carences identifiés. Le second est introspectif : se mettre à l’écoute et identifier les problématiques, pour mieux les appréhender et les accompagner. Le troisième reconnaît le potentiel de la personne : on passe de la relation d’aide à l’aide à la relation. Enfin, le quatrième revendique le renforcement du pouvoir d’agir des parents. Bien sûr, ces axes de travail ne sont pas forcément distincts et peuvent se combiner. Au quotidien, cela donne sept postures éducatives alternant l’une, l’autre. Trois relèvent du contrôle : le suivi (en arrière), la surveillance (au-dessus) et la suppléance (à la place). Quatre autres correspondent plus à une dimension d’aide : l’accompagnement (en appui), le soutien (en dessous), la guidance (en avant) et la coopération (échange et interpellation). Dans tous les cas, plutôt que de rêver à une rencontre sereine et tranquille entre la famille et les institutions ordinaires ou spécialisées de l’enfance, il convient de se préparer à une conflictualité structurellement constituée, en sachant l’anticiper.  

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1172 ■ 29/10/2015