Les incestes

VIAUX Jean-Luc, Éd. érès, 2022, 267 p.

Assimiler l’inceste à une simple faute sexuelle c’est ne rien y comprendre, affirme Jean-Luc Viaux qui illustre sa clinique descriptive et explicative avec de nombreuses vignettes particulièrement réalistes. Ce crime plurimillénaire solidement ancré dans nos inconscients individuels et collectifs relève d’une problématique majeure de l’espèce humaine. On sait que ce qui est vécu est terrible, mais on peine à en décrypter les mécanismes et significations. Restaurer le pensable, c’est dire vrai. Nul ne commet l’inceste par hasard ou pour assouvir une pulsion. La recherche du plaisir est en plus, la frustration est un alibi. Cette violence n’est pas le seul produit d’un homme-symptôme-agissant dont il est illusoire de vouloir décrire le profil-type. C’est le résultat de toute une configuration familiale qui constitue la véritable scène de crime. L’inceste ne se produit pas, mais se reproduit de génération en génération. C’est un crime spécifique contre l’identité et l’humanisation, désidentifiant le sujet et le désarimant de lui-même. Ce qui se trame derrière cette transgression, c’est, avant tout, la confusion des places, l’atteinte à la généalogie et à l’histoire d’une lignée. L’inceste n’étant pas une pathologie, il ne se soigne pas. Ce ne sont pas non plus les enfants incestés à qui il faut apporter des soins. C’est bien le psychisme familial qu’il faut faire retravailler pour qu’il réintègre la langue de l’interdit.