Pédophilie, prévenir pour ne pas avoir à guérir

Yvonne ROUSSEAU, Editions Jeunesse et droit & Feuilles familiales, 1997, 88 p.

Yvonne Rousseau est une vieille dame de la psychanalyse. A près de 90 ans, elle n’a pas perdu de sa verdeur. C’est à partir de sa longue expérience de thérapeute auprès des pédophiles et de leurs victimes qu’elle nous livre un testament vivace et vivifiant. Il y a de cela trois ou quatre cents ans, les censeurs religieux ont imposé la notion de culpabilité des plaisirs du corps. La sexualité ne devait être admise que le jour du mariage et ensuite uniquement pour procréer. Jusqu’à l’entre deux guerres, les statistiques évaluent jusqu’à 80% de femmes frigides. La sensualité est pourtant le terrain sur lequel fleurit l’amour entre la mère et l’enfant puis plus tard entre adultes. Entourer de honte la découverte par le petit d’homme de son propre corps et de ses facultés de volupté revient à le bloquer à un stade de développement où s’exprime l’agressivité naissante sur les choses et sur les gens. A vouloir fabriquer l’ange, on a produit la bête : il ne faut guère aller chercher plus loin le fourmillement des agresseurs, des tueurs et des violeurs. C’est bien la pudibonderie des vieux âges qui coince les enfants devenus adultes dans leur sadomasochisme, leurs pulsions avortées d’exhibitionnisme et de voyeurisme : “ bonne graine de pédophile ” s’exclame l’auteur. Prévenir pour ne pas avoir à guérir, c’est commencer par reconnaître en l’enfant ce besoin de tendresse et de sensualité et ensuite savoir répondre à ses questions. Ce dont il s’agit c’est bien de favoriser une authentique éducation sexuelle qui l’aide à identifier ses ressentis et pulsions et à les assumer.

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°441 ■ 07/05/1998