L’empereur, c’est moi. Une enfance en autisme

HORIOT Hugo, Ed. Livre de poche, 2015, 168 p.

Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant vivant avec le syndrome autistique ? Cette question beaucoup de parents, d’enseignants, de soignants, de travailleurs sociaux se la sont posée. Hugo Horiot plonge dans sa mémoire pour nous proposer un journal de bord égrenant l’enfance et l’adolescence qui ont été les siennes en tant qu’autiste. Ces flashs de pensée enfantine sont précieux pour approcher un univers peu familier aux normopathes. S’il a tant tardé à s’exprimer, c’est qu’il avait peur de grandir, ayant fantasmé de réintégrer le ventre maternel. Par la suite, il continuera à ne parler qu’aux personnes qu’il aime, pas aux autres. S’il faisait tant de rétention de scelles, c’est par crainte que ses organes intérieurs n’éclatent. C’est une occlusion intestinale survenue à l’âge de 11 ans qui mettra un terme à sa phobie : c’est bien son blocage qui risquait de concrétiser son appréhension. S’il ne se battit pas avec ses petits camarades de collège qui l’on pris comme souffre douleur, c’est qu’il avait peur de les tuer. La violence des gestes, il la remplacera par des mots de plus en plus élaborés. C’est avec 70 % des voix qu’il emportera l’élection de délégué de classe, ayant subjugué les autres élèves par la qualité de sons discours. Hugo Horiot est devenu aujourd’hui comédien. Ce n’est peut-être pas un hasard. Son parcours est singulier. Mais, il n’en est pas moins éclairant.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1240 ■ 29/11/2018