Pratique de non-violence: "Face aux violences urbaines. La médiation sociale"

Non Violence Actualité, 2007, 112 p.

Les solidarités de voisinage qui existaient auparavant ont été remplacées par des relations de dépendance vis à vis de l’Etat. Le recours aux forces de l’ordre et à la justice est devenu le principal moyen pour régler les différents. L’objet de la médiation sociale est bien de permettre aux habitants de réinvestir le terrain de cette régulation des tensions, en transformant la violence en conflit. Le processus mis en œuvre relève d’un rituel qui maintient l’expression de la confrontation dans des formes rigoureusement déterminées (à l’image des constats amiables lors d’accident de la route). Parce que ce qui peut potentiellement provoquer la violence, c’est cette conviction de la nécessité de défendre son territoire contre l’autre qui représenterait une menace potentielle, l’axe essentiel de la médiation sociale est bien la reconnaissance de celui qui nous fait face et l’établissement d’une compréhension mutuelle avec lui. Quand le conflit se centre sur des intérêts divergents bien identifiés, il est toujours possible d’élaborer un compromis satisfaisants pour les parties. Mais quand ce même conflit oppose les identités des protagonistes, il y a là le plus souvent une rigoureuse symétrie émotionnelle. Sortir du face à face réducteur est alors la meilleure solution, l’intervention d’un tiers permettant en outre d’échapper à l’enfermement dans le temps et l’espace. Apprendre ainsi à vivre ensemble passe par le réapprentissage de la confiance en soi, meilleur moyen d’entrer en relation avec l’autre. On est là dans l’acquisition de compétences psychosociales destinées à savoir accepter et gérer l’expression de ses ressentis, à développer sa sensibilité aux autres et à déployer une empathie qui s’oppose tant à la contagion qu’à la coupure émotionnelle.

 

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°847 ■ 05/07/2007