Sortir de la maltraitance. Violences conjugales: résister c’est comprendre, c’est agir

LOMBARDI Edith, Ed. L’Harmattan, 2016, 211 p.

Aussi loin que la mémoire humaine remonte, les femmes ont toujours été assujetties et considérées comme un bien précieux en tant que reproductrices de l’espèce. Loin de changer la donne, le premier Code civil à avoir été édicté, celui de Napoléon (1805), les prive de tout droit juridique, les rabaissant au niveau des mineurs, des criminels et des débiles mentaux. C’est très progressivement qu’elles vont conquérir leurs droits : disposer de leur salaire (1907), passer contrat et s’inscrire à l’université (1938), voter (1945). L’effort d’égalité est donc récent. Edith Lombardi le proclame avec force : la racine des violences conjugales se trouve justement dans l’ancienneté de l’idée voulant que les femmes soient la propriété des hommes qui doivent se poser en maître à leur égard. Le trait commun qui parcourt le récit des témoignages d’Héloïse, de Mireille, de Nadia et bien d’autres proposés ici, c’est leur humiliation et la jouissance de celui qui les bat. L’agresseur alterne de nombreuses tactiques destinées à envahir l’espace psychique de ses victimes, jouant tour à tour de menaces et de fausses promesses, de dévalorisation et de culpabilisation, de harcèlement et de manœuvres d’isolement, s’enfermant dans le déni, se donnant le beau rôle et manipulant l’entourage. Sans compter ses tentatives de suicide qui semblent inverser les responsabilités. L’homme violent peut difficilement changer, quand l’emprise et la maltraitance sont installés de façon stable. La femme otage d’une soumission qui l’enchaîne trop souvent aux préjugés patriarcaux doit faire tout un travail pour sortir de l’isolement, de l’autodépréciation, de la peur et de la honte, avant de réussir à prendre conscience qu’elle n’est pas condamnée à subir son sort.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1214 ■ 05/10/2017