Ces parents qu’on soutient. Une protection de l’enfance autre

THOMASSET Jean-Pierre, Ed. érès, 2018, 280 p.

Jean-Pierre Thomasset en est convaincu : il est nécessaire de remettre radicalement en cause notre façon de gérer les placements de mineurs, pour cesser d’en rajouter à la souffrance qui existe déjà.

La protection de l’enfance a d’abord fonctionné sur le discours de la contrainte : sauver l’enfant prétendument perdu, en le coupant de ses racines réputées pathogènes et y substituer un lieu d’accueil forcément plus sain.

Le second discours à être advenu est celui des affects : il a poussé des mamelles aux professionnels désireux de suppléer la mère absente.

Enfin, est arrivé le discours du savoir nourri successivement par la psychanalyse, la systémie et les sciences comportementales : plus on comprendrait les racines des difficultés plus on devrait pouvoir y répondre. Mais, selon les écoles et les chapelles qui s’opposent, c'on en arrive à dire tout et son contraire.

Pour l’auteur, ces trois discours paraissant de plus en plus dans l’impasse, un quatrième a émergé : plutôt que de consacrer des sommes considérables à retirer les enfants à leurs parents, aidons-les à les garder auprès d’eux. Plus que de dénonciation, ces familles ont besoin d’énonciation : ce n’est plus un autre qui vient leur dire la vérité, mais elles qui sont invitées à mettre des mots sur leur problématique. C’est la parole des parents et de leurs enfants qui doit primer, les intervenants devant seulement s’en faire l’écho.

L’auteur décrit la longue évolution législative qui a accouché de cette posture d’accompagnement à domicile. Puis, il revient largement sur la pratique du SAPMN du Gard qui a fait reculer les retraits d’enfants, en recentrant l’acte professionnel au cœur même des familles. Si cette piste s’avère effectivement fertile, elle est aussi propice aux chimères illusoires.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1263 ■ 10/12/2019