Le gros dico des tout petits

Claude-Alain Duhamel et Carole Balaz, Le Livre de Poche 1995/ Jean-Claude Lattès 1993,  725 p.

Voilà enfin édité en livre de poche ce document savoureux et incontournable.

Il existe de nombreuses versions de dictionnaires proposés aux enfants en fonction de leur âge et de leur niveau de compréhension. C’est la première fois qu’une démarche inverse est proposée. Ce livre  comporte 3.006 mots selectionnés au départ par des enseignants, des psychologues et des linguistes. Ensuite, ils ont été soumis à 17.000 filles et garçons de 5 et 6 ans qui ont essayé de donner leur propre définition. Tous les termes ne sont pas forcément connus. Un pourcentage rappelle à chaque fois le degré de connaissance. Puis vient une phrase « coup de coeur » retenue par les auteurs comme la plus originale, la plus inattendue ou la plus poétique.

Nous autres adultes avons trop souvent tendance à nous croire compris. Pourtant, affection, urine, victime, raison, neveu, décès, attitude et crocs font partie de mots connus par moins de 10% des enfants interrogés tout comme accepter, autoriser, augmenter, expédier, se révolter, renoncer, s’exclamer, améliorer ou encore réagir !

Alors que dire de plus, sinon ouvrir au hasard et se délecter.

 
Identification du mot à l’action:
             « une mamie: c’est quelqu’un qui prévient tout le monde que les cloches sont    passées »
            « un gamin: c’est un garçon qui soulève les robes »
             « une femelle: ça veut dire fille en animal »
Repérage dans l’espace:
             « une garderie: c’est un truc où on met les enfants dedans »
             « espace: c’est derrière le ciel »
             « s’éloigner: c’est s’échapper de quelqu’un »
Confusion de termes:
             « embarrasser: ça veut dire qu’on est amoureux d’un garçon »
             « une écorce: c’est là où Napoléon est né »
             « des espadrilles: c’est plein d’avions qui attaquent »
Lucidité ou férocité déjà:
             « un prêtre: à la messe, il faut lui donner des billets »
             « l’éducation: ça veut dire qu’on est méchant avec les enfants »
             « zoo: c’est une prison pour animaux »
Et, pour la bonne bouche:
             « une école: c’est pour apprendre à être sans sa maman »
             « écouter: c’est se taire »
             « tricher: c’est prendre un morceau de pain, le cacher sous ses fesses et en demander un autre »
 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°316 ■ 20/07/1995