Face aux ruptures de la vie - La méthode Vittoz, une réponse possible

Dr VITTOZ Roger, IRDC, Chronique sociale, 2000,  112 p.

Le docteur Vittoz (1863-1925), contemporain suisse de Freud, soigna pendant longtemps, comme ce dernier, l’hystérie par l’hypnose. Tombant lui-même malade, il mit au point une méthode construite à partir de ses observations et de sa propre expérience. Sa démarche obtint un tel succès que les patients venaient des quatre coins de l’Europe pour le consulter. Sa thérapie est basée sur la notion de « contrôle cérébral » : tout homme normal doit être en capacité d’équilibrer son cerveau conscient et son cerveau inconscient, en faisant contrôler par sa raison, son jugement et sa volonté les idées, les impressions ou les sensations auxquelles il est confronté. Cette faculté joue un rôle essentiel dans la régulation des fonctions psychologiques et physiologiques à l’origine de l’épanouissement humain. Le malade est justement celui qui rencontre des difficultés face à ce fonctionnement. Dès lors que ce contrôle est perturbé, la voie de la guérison passe par son rétablissement. La réadaptation se déroule en trois étapes. C’est d’abord la réceptivité qu’il faut réparer : apprendre grâce à des exercices de sensorialité, à recevoir, à sentir et à s’enraciner dans un  corps situé par rapport aux autres et au monde. Deuxième étape : l’émissivité. Il s’agit, à ce stade, d’acquérir la capacité de décider et le pouvoir de choisir et d’accepter de perdre. La méthode Vittoz se donne en fait pour objectif de pouvoir accepter les ruptures, mais pas les effets nocifs qu’elles induisent : « ne permettre à personne, ni à rien, de me démolir » tel pourrait être son leitmotiv. Aboutissement de ce processus : la restauration, qui débouche sur une véritable libération à l’égard des fantasmes et des traumatismes oubliés. Ce petit livre propose 18 vignettes cliniques qui permettent d’avoir une représentation des domaines d’application de la méthode. Il présente, en outre, une quinzaine de fiches d’exercices portant sur la réceptivité, la concentration, la relaxation, la volonté ou encore les actes conscients ... De nombreux témoignages terminent enfin l’ouvrage qui montrent comment la méthode Vittoz a permis d’assumer ce qui est incontournable et d’agir à chaque fois que cela était possible, en mettant ainsi notre intelligence au service du discernement. Cette approche psychothérapeutique place le sujet en situation active, en l’incitant à vivre selon ses choix et à rester maître à bord. Les tenants de la vérité révélée tiendront certainement en mépris cette petite école qui agit à la périphérie de la grande famille psychothérapeutique. Les esprits curieux et ouverts, s’interesseront, quant à eux, à cette lointaine cousine, qui pour n’être pas très connue, agit dans son coin pour aider, à sa façon, des  personnes en souffrance à mieux dépasser leurs difficultés.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°590 ■ 27/09/2001