Psychologie de la première enfance de la conception à trois ans. Genèse de la relation

Mireille Lescure, érès, 1995, 181 p.

Mireille Lescure nous propose ici un charmant ouvrage sur la toute petite-enfance. Elle part de loin (l’A.D.N.) et chemine au gré des étapes franchies par le petit d’homme. Au début était l’embryon puis vinrent la dyade mère-enfant et la naissance avant que ne s’égrennent les trois premières années marquées par l’acquisition de la marche, du langage et... de la crise d’opposition. La plume est alerte, le contenu très documenté et les remarques pertinentes. On y apprend une foultitude de choses.

On savait que le foetus buvait le liquide amniotique et expérimentait dans le ventre de sa mère le sens du goût et de l’ouïe. Mais on ignore souvent qu’il y fait des mouvements d’expiration et d’inspiration. Une intervention dans l’utérus d’une mère enceinte a démontré sa capacité à passer d’une respiration foetale à une respiration aérienne avant de revenir à la première quand il se retrouvait à nouveau en milieu liquide. Etonnante compétence que celle de l’enfant avant sa naissance !

L’auteur rappelle fort justement la proposition de Françoise Dolto de transformer le vocable de « Protection Maternelle et Infantile » en « Protection Parentale et Infantile » qui permettrait de redonner au père une responsabilité pendant la « couvade » !

La naissance peut être vécue comme un traumatisme. Si on n’accorde pas au nouveau-né la douceur adéquate (lumière tamisée, bruit atténué...). Ces premières minutes à l’air libre doivent coïncider avec des moments de détente et de sécurité qui sont autant d’éléments positifs de son équilibre futur. Car, un bébé qui s’épanouit n’est pas seulement celui qui bénéficie d’une bonne nourriture et d’un bon air. La qualité relationnelle établie avec ceux qui l’accueillent et le choient constitue un facteur essentiel.

En matière éducative, il convient de prendre conscience du caractère relatif de nos exigences. Rythme imposé dans la prise des repas puis libre-choix en fonction des besoins du bébé, enfant placé sur le ventre, puis sur le dos au moment du sommeil... les modes changent et les conseils prodigués sont parfois bien contradictoires d'une décennie l’autre. Chaque parent trouve en fait sa méthode liée à la culture, la région, les habitudes familiales auxquelles il est lié. Il semble pour autant indispensable d’opposer à tout âge un minimum de résistance ferme et sans violence aux exigences de l’enfant afin qu’il s’habitue  dans la limite de sa maturation neurologique à mettre en place des réflexes d’inhibition. Cette acquisition est d’autant plus forte  au moment de la crise d’opposition au cours de laquelle le « non » fascine tant l’enfant.

Proposer un cadre sécurisant, respecter la personne de l’enfant, favoriser sa reconnaissance et son respect de l’autre sont les axes éducatifs proposés dans cet ouvrage, l’important étant que l’estime de soi et la confiance soient suffisamment fortes pour lui permettre d’affronter les dures épreuves de la sociabilité.

 

Jacques Trémintin –LIEN SOCIAL ■ n°373  ■ 14/11/1996