S'engager aux côtés des familles. Comment notre histoire personnelle influence notre histoire professionnelle

SERON Claude, Ed. érès, 2017, 266 p.

Un thérapeute a-t-il une vie en dehors de sa profession ? Cette question est d’autant plus absurde qu’on n’a pas l’habitude de se représenter les psychologues comme des moines ou moniales totalement dévoués à leur mission. Pourtant, il est rare qu’ils se montrent prolixes sur leur vie privée, préférant la discrétion à la confidence. Claude Seron a décidé de rompre avec cette tradition de cloisonnement, en s’ouvrant sur son vécu intime. Le voilà qui tricote avec habileté et pudeur son travail de psy auprès des familles, son rôle de maître de cérémonie des journées d’étude de Parole d’enfants et d’écrivain avec son histoire personnelle et familiale. « Qui ou qu’est-ce que j’essaie de réparer ? Quelle faille cette activité tente-t-elle de combler ? Quelle écorchure de mon âme tente-t-elle d’apaiser ? » s’interroge-t-il  (p.21). Le  travail du thérapeute familial consiste à faire émerger les souffrances et les émotions, en les inscrivant dans un récit, afin qu’elle ne s’enkystent pas. Comment peut-il ignorer ou passer à côté des émois qui mettent en résonance ses vécus et ceux du patient ? Il peut se blinder ou adopter un mode évitant pour ne pas subir la contagion des souffrances exprimées. Mais il peut aussi accepter de se faire déstabiliser. Et s’il ne peut travailler avec des parents se vivant en échec, qu’après leur avoir permis de se réconcilier avec eux-mêmes et de se renarcissiser, il se doit de disposer d’une estime de soi suffisante pour se rendre disponible à eux et d’une indéfectible humilité dans la  reconnaissance des limites de ses interventions. Vignettes cliniques et épisodes de vie viennent illustrer cette vision de l’engagement au service d’une clinique de l'engagement, de l’audace et de la créativité.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1202 ■ 02/03/2017