L’éducation sexuelle sans peines

Yvonne ROUSSEAU, Editions jeunesse et droit, (16 passage Gatbois 75012 Paris),  1999, 119 p.

La sexualité a droit de citer chez le petit d’homme à tout âge. C’est cette réalité que vient rappeler Yvonne Rousseau, qui, à plus de 90 ans nous livre son expérience de psychanalyste. Dès sa naissance, le bébé a besoin du contact corporel et des caresses maternels. Tout au long de son enfance, bien nourri de ces gratifications physiques, l’être humain peut d’autant mieux se tourner vers l’autre, vers le monde extérieur. Il se détachera de lui-même de cette proximité, n’y revenant que pour se rassurer ou vérifier sa sécurité. Il deviendra alors un adulte épanoui. Ne pas prendre en considération ce besoin, c’est préparer le terrain aux perversions et à la pédophilie.

Tout commence par le stade oral qui centre sur la bouche et les lèvres toute l’activité et la satisfaction comme premier centre d’éveil de la conscience. Le reste de la vie durant, l’être humain continuera de jouir des plaisirs oraux : manger sucer, boire, parler, donner des baisers… Puis, vient le stade anal. Le bébé prend alors conscience de la sensation agréable que lui procure la défécation. L’exercice de ses puissances musculaires s’accompagne de l’apprentissage du pousser, du chiffonner, du soulever, du briser, du déchirer. C’est le début de son exploration du monde. Avec l’identification de ses parties sexuelles, l’enfant recherche des stimulations : c’est la masturbation infantile. Provoquant encore le malaise des parents, cette pratique n’est vraiment inquiétante que par la culpabilisation que ceux-ci pourraient induire. Certes, le temps est loin où l’on faisait « honte à l’enfant de ses curiosités touchant le corps, de ses découvertes de plaisirs, de son intérêt pour le corps des autres et de ses investigations » (p.63) Mais est-il complètement révolu ? L’éducation sexuelle ne doit être qu’une des modalités de l’éducation générale qui vise à l’épanouissement des facultés de chacun et à l’intégration harmonieuse au sein de la société. Pour cela : « à chaque tournant de la route qui va des premiers jours de nos petits aux jours orageux de leurs premières déceptions d’amour, il y aura notre regard, notre main tendue nos mots d’encouragement, d’apaisement, notre savoir et notre sagesse, si possible. C’est une longue histoire, car l’amour est un très long chemin. » (p.70)        

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°484 ■ 29/04/1999