Animaux homos

DAUGEY Fleur, Éd. Albin Michel, 2018, 169 p.

L’une des constantes de l’histoire de la civilisation occidentale est d’utiliser ce que l’on croit savoir de la nature pour en faire un étalon du bien et du mal. D’où l’argument de certains pour justifier la criminalisation de l’homosexualité : son prétendu caractère contre-nature. Mauvaise pioche ! Cette pratique sexuelle est documentée chez 4 714 espèces animales sauvages et 19 espèces domestiques. Il n’y a là rien d’étrange, ni d’insolite. Ce n’est, en outre, ni une exception, ni un évènement isolé, pas plus qu’une anomalie qui serait engendrée par des circonstances peu propices à l’hétérosexualité. C’est tout simplement l’une des facettes normales du répertoire sexuel au sein du règne animal. Il existe une variabilité et une diversité des comportements observables, allant de la formation de couples hétérosexuels à des couples homosexuels, en passant par la mixité flexible (le passage de l’un à l’autre), mais aussi la monogamie, les trios, les quartets... Le genre admet toutes les combinaisons possibles : être mâle ou femelle, à la fois mâle et femelle, naître mâle et devenir femelle (et l’inverse). Les premières observations scientifiques de cette réalité remontent au XIXème siècle. Effrayés par ce qu’ils découvraient, les savants de l’époque classèrent les hannetons pédérastes, les coléoptères pervers ou les cygnes et les manchots homosexuels dans le registre des comportements inappropriés, des fixations atypiques ou du non-sens, car contradictoires avec le fondement supposé de toute sexualité : la reproduction de l’espèce. Éthologue, Fleur Daugey fait une brillante démonstration qu’il n’est pas possible de réduire la sexualité à une explication fonctionnelle. Et d’énumérer bien d’autres facteurs qui l’expliquent. Finalement, il n’y a que chez l’être humain que l’homosexualité pose parfois problème !

 

 Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1265 ■ 21/01/2020