Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens

JOULE Rober-Vincent et BEAUVOIS Jean-Léon, P.U.G., 2022, 318 p.

L’an dernier, son 500 000ème exemplaire a été vendu. Lien Social l’avait présenté dans son numéro 274. Une édition collector a marqué l’évènement. Enrichi et réécrit, son actualité n’a pas pris une ride. Il met à jour cette soumission librement consentie qui nous asservit et à laquelle nous assujettissons les autres. Ce n’est ni le talent, ni l’autorité, ni la menace qui y mènent. Mais de subtils mécanismes mis en évidence par la psychologie sociale. Présents dans notre vie privée, ils traversent aussi nos pratiques professionnelles. Combien de fois ne sommes-nous pas prisonniers d’une orientation initiale ? L’escalade d’engagement nous entraine à la perpétuer, par refus de se dédire, l’adhérence qui nous y relie nous enfermant dans un piège abscons (le pied dans la porte). Combien de fois validons-nous un choix, après avoir renoncé à une proposition bien plus coûteuse ? Seul le contraste entre ce qui est décidé et ce qui aurait pu l’être nous conduit alors à trancher (la porte-au-nez). Combien de fois changeons-nous d’avis pour nous mettre en phase avec ce qui est advenu, tout en niant l’avoir fait. Il s’agit de résoudre le conflit entre une conviction et une attitude contradictoire (dissonance cognitive). Mais, les postures envers les usagers en regorgent tout autant. Positiver et valoriser le comportement qui nous apparaît le plus approprié, afin de favoriser son adoption (étiquetage social). Lui donner l’impression que la décision finale lui appartient, alors que la pression et l’enchaînement des circonstances ne laissent guère d’alternative (liberté de décider). Décrire un avenir menaçant, afin de lui faire accepter plus facilement la solution sécurisante qu’on lui propose (crainte puis soulagement). Ça vous dit quelque chose ? Suivez les guides Joule et Beauvois pour déconstruire nos (dys)fonctionnements.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1332 ■ 31/01/2023