Pourquoi les riches posent problème? 20 idées reçues sur les inégalités

RICHARD Philippe, Éd. Max Milo, 222, 112 p.

Ah, ces riches qui font la prospérité de notre pays de notre pays en créant des emplois. Il n’y que les jaloux pour les dénigrer !

Le discours est bien codé, les idées reçues bien ancrées, les plaidoiries bien rodées. Et pourtant, il est aisé de les déconstruire. Ce que nous propose méthodiquement Philippe Richard, Docteur en économie.

Les couches moyennes se sont généralisées, se rapprochant des classes sociales aisées ? Pas vraiment : 70 % des emplois à temps plein gagnent une à deux fois le SMIC, 23 % entre deux et quatre, 6 % entre quatre et neuf, 1 % neuf fois le SMIC et plus.

Les plus aisés se sont enrichis grâce à leurs efforts, leur travail et leurs talents ? Ce n’est jamais l’activité salariée qui produit la richesse, mais toujours les capitaux investis qui permettent de retirer des dividendes, véritable rente sur le travail d’autrui.

Les riches doivent leur réussite de leur persévérance et de leur implication dans l’économie ? C’est un mythe : 80 % des milliardaires français sont des héritiers. Depuis 1980, les revenus des ménages ont augmenté de 86 %, ceux du patrimoine ont été multipliés par quatre.

Il est normal que l’on fasse hériter ses enfants des fruits de son travail ? Un tiers de la population n’hérite de rien et un autre tiers très peu. 10% héritent de la moitié de l’héritage national.

Il est légitime que les actionnaires reçoivent le fruit des risques qu’ils prennent ? Les dividendes représentaient 6% de la valeur ajoutée dans les années 1950/1960. C’est dorénavant 12 %. Les salaires ont vu leur poids baisser de 70 à 64 %.

Les riches paient plus d’impôts que les pauvres ? Sauf pour les plus malins : 91% des prélèvements sont indirects et proportionnels aux revenus (TVA, cotisations, taxes sur les carburants…), la part des impôts directs progressifs est d’autant plus réduite pour les plus aisés qu’ils bénéficient de 470 niches fiscales.

Les riches ont créé des milliers d’emplois en France ? En 1949, il y avait 19,8 millions d’emplois représentant 43,25 milliards d’heures de travail. Aujourd’hui, il y a 27 millions d’emplois pour … 42,80 milliards d’heures de travail. Plus d’emplois, moins d’heures ? La productivité de l’heure de travail est passée de 6,25 à 53,40 en euros constants.

 

Les riches ont souffert des crises successives depuis quarante ans ? Au niveau mondial, on en comptait 140 en 1987, leur fortune cumulée se montant à 300 milliards. Ils sont aujourd’hui 2720, possédant 1 340 milliards.

Tout entrepreneur peut devenir riche ? La France compte 2,5 millions de très petites entreprises et 300 multinationales. Les patrons des 40 plus riches gagnent 100 fois plus que les petits patrons. Leur richesse a augmenté de 269 % en vingt ans. Peu de petits patrons peuvent en dire autant !

L’enrichissement d’aujourd’hui fait les investissements de demain et les emplois d’après-demain ? Les riches délocalisent les capitaux, profitant de la dérégulation internationale : ils optimisent leurs placements en choisissant les pays leur garantissant le moins d’impositions et de taxes, provoquant une concurrence et le dumping entre eux. Ils investissent aussi dans la financiarisation, plutôt que dans l’activité économique locale.

La richesse obtenue est ce qui conditionne l’esprit créatif des entrepreneurs ? Leurs motivations identifiées par sondage placent au premier rang l’indépendance d’action (61 %). Puis, vient le défi de réussir (44%). Les revenus obtenus ne comptent que pour 27 % d’entre eux. Ce n’est pas l’enrichissement qui stimule le plus l’initiative.

 

La fortune apporte le bonheur ? L’aisance financière apporte une sécurité en permettant d’accéder à un confort certain. Mais, vouloir gagner toujours plus détériore les relations humaines. Y parvenir suscite plus de difficultés que de satisfaction.

 

La France est passée d’une monarchie où régnait 1 % de nobles à une oligarchie où règne 1 % de riches. Comment en sortir ? En plafonnant les revenus à 10 000 € mensuels. Un taux marginal de 100 % d’impôts au-delà de cette limite qui frapperait 50 000 adultes très riches ne serait pas une nouveauté. Celui en vigueur aux USA ou en Europe jusqu’aux années 1980 allait de 60 à 90 %.