Start’air - jeunes

Start’air - jeunes : une opération - prévention - été a l’oeuvre !

L’histoire  de  START’AIR est une histoire assez exemplaire qui montre comment municipalités, associations et professionnels du social peuvent se combiner dans une synergie aboutissant à un dispositif à la fois souple et efficace.

Plantons d’abord le décor: cela commence en 1990 près de St Nazaire à l’embouchure de la Loire. Quatre communes péri-urbaines (regroupant un peu plus de 20.000 habitants) ont mis en place depuis une dizaine d’années une animation sportive cantonale pendant les longs mois d’été à destination des 8/13 ans. Mais au-delà de cet âge, plus rien n’est prévu. Or,  la situation économique s’est franchement dégradée au rythme des mutations industrielles (notamment dans la construction et la réparation Navale). Le taux de chômage local est alors de 16,7% contre 13,5% au niveau régional et 10% à l’échelle nationale. Les situations familiales fragilisées, les difficultés relationnelles exacerbées, la multiplication des conduites compensatoires déviantes (alcoolisme, drogue, délinquance, ...), l’échec scolaire sont autant de matières inflammables qui s’accumulent. Faut-il attendre  d’avoir atteint l’état catastrophique des grandes banlieues pour réagir ?  Ce n’est pas là la conviction des municipalités et d’un certain nombre d’associations du canton qui décident de créer une dynamique qui tentera de briser l’isolement et la marginalisation des jeunes, souvent désoeuvrés au moment de l’été. Le modèle utilisé sera celui de l’animation sportive cantonale: plongée, escalade, moto, danse ... sont proposés en stage d’une semaine pour un prix dérisoire (100 F.), ainsi que des camps de 5 jours sur le bord de mer (pour 250 F. !). C’est le succès immédiat: 118 jeunes participent à l’opération.

L’année suivante, renouvellement du dispositif, mais avec cette fois-ci une ouverture de clubs de jeunes sur chaque commune plusieurs soirs par semaine. Le public touché double quasiment avec près de 230 adolescents. Se posent alors très vite deux nécessités: la pérennisation de l’action auprès des jeunes à l’ensemble de l’année et le recrutement de personnels permanents. Cela nécessite une budgétisation en conséquence et des choix politiques déterminants. Ce n’est pas rien pour de petites communes que de s’engager dans une telle voie. Après de nombreux mois de maturation, l’Association finit par trancher dans le bon sens: un coordinateur est recruté en Mai 1992. L’été suivant maintient l’influence acquise (242 jeunes).

Il faut attendre début 1993, pour que les clubs de jeunes s’ouvrent à l’année. Le résultat se fait vite sentir: en juillet et août, c’est 316 personnes qui affluent.

Puis 1994, c’est l’explosion: la fréquentation passe au nombre faramineux de

700 adolescents. L’implantation des clubs, leur audience grandissante ainsi que l’action en direction des jeunes les plus en difficulté (envoi d’éducateurs sportifs dans les quartiers les

plus exposés) ... tous ces facteurs ont payé.

Mais les finances vont-elles suivre ? Ne va-t-il pas falloir opérer des choix et se donner des priorités ? Ce sont-là les questions d’une crise de croissance d’une association victime de son succès.

Cinq années après sa création, START’AIR a démontré l’existence d’un authentique besoin. L’innovation et l’initiative restent au rendez-vous tant à la base qu’au sommet. En « haut » vient de se créer un Comité Intercommunal de Prévention de la Délinquance qui se donne pour ambition d’approfondir la réflexion entre partenaires et d’affiner l’élaboration de réponses adéquates aux problèmes concrets. « En bas », c’est la création de Points Information Jeunes au sein des clubs et les soirées-débat à thème (le logement, la toxicomanie, ...).

Mais tout le drame de la prévention ne réside-t-elle pas dans la difficulté à prouver son efficacité: à défaut de pouvoir supprimer tout mal-être, comment peut-on comptabiliser le nombre de magasins qui n’ont pas été pillés, les voitures qui n’ont pas été incendiées et les émeutes qui auront été évitées !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°315 ■ 13/07/1995