Respect !

Tu t’es fait virer comme un malpropre. Tu gênais par tes prises de position, freinais la mise en œuvre des nouvelles techniques de management et faisais de l’ombre à une hiérarchie tolérant de moins en moins que l’on s’oppose au dogme qui se répand : TINA (There Is Not Alternative). Que ressens-tu face à un employeur qui, faute d’une obéissance sans réserve, t’a licencié ? Sans doute un mélange de fierté d'avoir été ferme sur ton éthique et de sentiment d'injustice d'être ainsi jeté comme un citron que l'on a trop pressé, après tant d'années passées à t'investir et t'épuiser. Tu as beau te sentir en phase avec tes valeurs, la flétrissure te guette « vous n'êtes plus digne d'être des nôtres ». Alors qu’en réalité, c’est plutôt « ils ne te méritent pas ». Cette menace qui pèse sur les professionnels doit-elle les inciter à se taire, à plier l’échine et à ravaler leur révolte ou bien à résister, à relever la tête et à se battre ? Il revient à chacune et chacun d’en décider. Mais, nous ne sommes pas seuls. Nous sommes des dizaines de milliers. Et si le rouleau compresseur cherche à nous écraser, il nous reste des armes pour nous opposer aux diktats qui nous sont parfois opposés. D’une manière frontale et directe quand cela est possible. De façon détournée, quand la confrontation devient risquée. Reste la seule reconnaissance qui vaille : celle de l'équipe où tu as travaillé, et plus que tout, celle des familles et des jeunes que tu as accompagnés. C’est avec un mélange de mépris et de pitié peut-être que tu croiseras ton ancien chef ou directeur tant d’années après, qui au mieux bredouillera « tu sais, je n’ai pas pu faire autrement », quand il ne détournera pas le regard, pour ne pas croiser le tien. A l’opposé, ce sont ces mômes ou ces parents venant à ta rencontre qui te réchaufferont le cœur, en te racontant tout ce que tu leur as apporté. Nous sommes toutes et tous avec toi, et avec toutes et tous les autres qui sont victimes de leur engagement éthique.