Cultiver l’esprit critique

Qui n’est pas attaché à défendre ses convictions ? Tenter de convaincre autrui n’exclut pas d’être perméable à son argumentation. Tout autre est le sectarisme.

Il est des convictions qui nous apparaissent comme fondamentales. Nous y sommes attachés, sans céder aux arguments opposés. Nous y restons fidèles, mais sans pour autant refuser aux autres de ne pas les partager. Nous pensons juste qu’ils ont tort. Mais cela appartient aux différences d’opinions. Jusque-là tout va bien.

Le basculement

Cela commence à se gâter quand cette conviction se mue en vérité absolue et catégorique, transcendantale et définitive, élevée au rang d’un dogme fondamental et incontestable qu’il faut défendre sans aucun compromis : c’est le fanatisme. De telles certitudes peuvent alors faire naître une intransigeance qui cherche avant tout à faire triompher le seul dogme à même de sauver l’humanité. Tout autre point de vue est mensonge. Toute contestation est trahison. Toute variation est sacrilège.

Un cran fatal est franchi, quand cette exaltation extrême conduit à déshumaniser et persécuter, terroriser, voire exterminer toute personne ou groupe ne partageant pas la même vision du monde : c’est le crime contre l’humanité. Massacres, génocides, carnages en sont les manifestations.

Le contre-poison ? Toujours privilégier le dialogue, l’ouverture d’esprit, la curiosité, la nuance, la tolérance, la pensée critique, l’empathie, la congruence face à l’autre qui ne pense pas comme soi.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°244 ■ mars-avril 2024