Les droits de l’enfant sont universels

Combattre la maltraitance au sein des communautés migrantes présentes sur notre sol, est-ce faire preuve d’ethnocentrisme ?

Un mouvement s’est amorcé depuis quelques années cherchant à déconstruire une vision historique inspirée par les milieux réactionnaires. La période de la colonisation ne serait pas la soumission de millions de personnes à un ordre oppressif et attentatoire aux droits humains, mais une chance pour les populations des pays victimes. En réaction, ont émergé des études dites décoloniales dénonçant la géopolitique du pouvoir et du savoir hégémonique occidental.

Légitimement, la question s’est posée du choc entre la culture initiale des populations migrantes et celles de leur pays d’accueil.

Paradoxalement, il faudra sans doute bien moins de temps aux pays en voie de développement de progresser qu’il n’en a fallu pour que, dans notre pays, les droits des enfants soient reconnus, les mauvais traitements qu’ils subissent soient dénoncés et leur protection promue. Rappelons quand même qu’il aura fallu attendre 1989 pour que les mauvais traitements faits aux mineurs fassent l’objet d’une loi, 2019 pour que les violences éducatives ordinaires soient proscrites et 2021 pour qu’on reconnaisse que, depuis 1945, 220 000 mineurs avaient été sexuellement violentés au sein de l’institution catholique ! Pas de quoi vraiment s’enorgueillir de la précocité de notre prise de conscience.

Aussi, quand des familles migrantes arrivent dans l’hexagone, leurs pratiques éducatives traditionnelles ne sont pas en décalage de quelques décennies avec celles de notre pays, mais de quelques années. Il leur faut s’acculturer, en intégrant des modalités de fonctionnement parfois bien différentes de celles auxquelles elles étaient habituées « au pays ». Il n’est pas rare d’entendre certains parents migrants reconnaitre leur impuissance face à leurs enfants turbulents, en expliquant que ne pouvant pas les frapper, comme c’est la coutume là d’où ils viennent, ils baissent les bras. Convenons toutefois que cette réflexion n’est pas spécifique aux familles fraichement arrivées en France !

Faut-il, pour autant, renoncer aux principes récemment, mais chèrement acquis dans notre pays ? Certainement pas. Il est un intérêt qu’on dit « supérieur » à tous les autres, c’est celui de l’enfant. Et, quels que soient la nationalité des familles, leurs usages ou leur tradition, il y a une universalité de la dignité humaine qui s’impose, en quelques circonstances que ce soit.

Et on ne peut y déroger y compris quand les violences ont lieu au sein même des minorités opprimées. Au risque d’ouvrir la porte à l’esclavagisme, aux violences faites aux femmes, aux discriminations au prétexte de ne pas stigmatiser celle et ceux que l’occident méprise depuis si longtemps. Donc, pas d’excisions des petites filles et autres mutilations, pas de rejet des Albinos, pas d’usage de la chicote, pas de travail forcé … qu’il serait paradoxal de les tolérer en France, alors même que la lutte contre ces pratiques indignes progresse en Afrique. Il y aurait même une forme de mépris raciste que de considérer des peuples vivant sous d’autres latitudes comme à ce point retardés, qu’ils ne pourraient progresser au même titre que le reste du monde, à leur rythme, par à-coups peut-être, mais d’une manière inexorable. C’est en tout cas le contraire qu’ils démontrent. Et sur le territoire français, aucune exception ne peut être tolérée.

 

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Les SDF ont aussi le droit à la retraite - Maison de la veille sociale (44)
Un SDF vieillissant admis en maison de retraite ? Une idée saugrenue pour les uns, séduisante pour les autres. Comment ce projet a-t-il pu devenir réalité ? Explications sur une expérience unique en France. Nombre de personnes se rapprochant de l’âge de la retraite ou l’ayant dépassé restent à la rue ou se maintiennent dans les centres d’hébergement d’urgence ou dans les Centres d’hébergement et de...
Hôtel de Pen Bron - La Turballe (44)
Les personnes à mobilité réduite ont-elles droit aux vacances ? Avez-vous essayé de trouver un hôtel permettant un accueil d’un fauteuil roulant ? C’est du domaine de l’impossible. Dans l’ouest de la France, vient d’ouvrir un établissement trois étoiles, complètement aménagé pour cette clientèle. Expérience innovante ou nouveau ghetto ? Reportage. S’il est une préoccupation qui s’est largement...
Réseau ADO 66
Coordination à tous les étages Articuler de manière pérenne et permanente des partenaires de la protection de l’enfance et du médico-social, beaucoup en ont rêvé. Le Réseau ADO 66 l’a fait ! La culture commune qui s’est déployée dans les Pyrénées orientales est sans doute unique en France. L’éparpillement traditionnel de l’action médicale, éducative et sociale en une kyrielle d’administrations, ...
L'innovation de l'IME de Blain
Le handicap face à l'intime, l'affectif et la sexualité Si l'éducation à la sexualité des publics porteurs de handicap n'est plus un tabou, il y a loin de la coupe aux lèvres. Un petit IME a franchi le pas d'une manière particulièrement originale. L'occasion d'aller y voir de plus près.   A 17 ans, Laurine atteinte de trisomie 21, rencontre bien des difficultés pour communiquer. Il faut parfois ...
Combattre l’arbitraire
L’action des forces de l’ordre, ce sont 2 300 blessés, pendant le mouvement des gilets jaunes. Ce sont aussi ces contrôles au faciès (vingt fois plus fréquents, quand on est noir ou d’origine maghrébine). Ce sont tous ces morts par étouffement ou autre. C’est le racisme qui mine une profession votant à 67 % Le Pen. Mais, ce sont aussi ces gendarmes qui accueillent avec bienveillance la petite ...
C’est l’conseil
A l’Institut de Rééducation des Landettes, à Saint-Nazaire, les professionnels sont confrontés comme dans beaucoup d’établissement de ce type aux comportements difficiles, souvent éclatés, toujours problématiques d’enfants qu’on dit atteints de troubles du caractère et du comportement. Comment arriver à réguler ce déluge d’énergie, de tension et de virulence ? A cette question, l’équipe a ...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


SE PROCURER LE LIVRE


« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org