Non, il n’y pas deux poids deux mesures !

Enfin, un premier ministre qui montre clairement la bonne voie à la jeunesse. C’est vrai quoi, y en a marre de la rébellion, de l’insubordination et de l’indiscipline des nouvelles générations. « Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter », a lancé Gabriel Attal. Voilà qui est dit et bien dit. Voilà qui réarme moralement notre République. Voilà qui répond enfin au redressement national que nous attendons tous !

La feuille de route est établie. Il ne reste plus qu’à appliquer sur le terrain toutes ces bonnes intentions.

« Oui, mais les agriculteurs qui ont aspergé de purin, la préfecture d’Agen … ils vont devoir nettoyer eux aussi ? » Mais, enfin, arrêter votre démagogie. Notre ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin l’a pourtant bien expliqué : « il y a des coups de sang légitimes ». Il faut les comprendre : « est-ce qu’ils mettent le feu aux bâtiments publics ? Non, ce n’est pas le cas. Il y a une grande compassion et une grande écoute à avoir avec nos agriculteurs. » Ah mince, certains d’entre eux ont incendié un bâtiment de la Mutualité agricole à Narbonne et fait exploser le rez-de-chaussée de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement à Carcassonne. Mais, c’est pas graaaave ! « Il faut les entendre, on répond pas à la souffrance en envoyant les CRS » répond le premier flic de France. Cela n’a quand même rien à voir avec ces écologistes aspergeant de peinture orange Matignon et le ministère des Finances. Là c’est inadmissible de s’attaquer aux bâtiments publics. Ils ont d’ailleurs été punis. Pas de comparaison possible non plus avec ces jeunes de banlieues incendiant des bâtiments publics après la mort de Naël. Juste des voyous ! Eux aussi ont été condamnés : 600 se sont retrouvés derrière les barreaux. Et c’est bien fait : faut les mater ! La violence en réponse au péril climatique ou aux bavures policières ? Elle est criminelle et doit être réprimée sans hésitation, ni la moindre pitié. La violence des agriculteurs ? Elle est légitime. Il faut un peu de tolérance, c’est dur pour eux …

Bon, il reste le défi lancé à l’autorité. C’est vrai, quoi. On commence par laisser des jeunes provoquer et intimider les adultes et puis cela ils finissent par mettre le feu partout. L’Etat doit se montrer intraitable.

« Mais, au plus haut sommet de l’Etat, le gouvernement n’a-t-il pas couvert des pratiques frauduleuses non conformes avec le cadre règlementaire dans le traitement des eaux minérales par plusieurs grands groupes ? » Une réunion interministérielle tenue en février 2023 a en effet décidé « la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux » ce qui était jusque-là interdit …

Mais, vous ne comprenez vraiment rien à rien. D’abord, il s’agissait de sauver des emplois. Si ces entreprises doivent en plus respecter les règles, elles pourraient délocaliser. Et puis, il faut sauvegarder à tout prix les dividendes des actionnaires des grands groupes producteurs d’eau.

Bon, récapitulons : il faut rester intraitables face aux petits sauvageons, aux écoterroristes, aux émeutiers ... Mais, il faut cultiver l’indulgence et se montrer compréhensifs face aux agriculteurs en colère (même quand certains d’entre eux cassent) et aux industriels fraudeurs (même quand certains d’entre eux violent la loi). Il faut quand même séparer le bon grain de l’ivraie !

CQFD. Là je crois que j’ai enfin compris.

 

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
CEF La Rouvellière - 49
 Sortir de la délinquance par l’enfermement : fable ou réalité ? Beaucoup décriés, mais peu étudiés, les Centres éducatifs fermés méritent d’être mieux connus. Que font-ils au quotidien avec ces jeunes muti-réitérants qui ont mis en échec tous les services qui les ont pris en charge ? Peut-on éduquer dans l’enfermement ? Le reportage sur le CEF de La Rouvellière, à Allonnes, près du Mans permet de ...
Fracchiolla Béatrice - Les insultes
dans Interviews
Béatrice Fracchiolla est professeure de langage à l’Université de Lorraine et membre du laboratoire EA 3476 du CREM En tant que linguiste, Béatrice Fracchiolla est forcément attentive à ce que veulent dire exactement les mots. Mais, son analyse n’est pas que sémantique. Son regard porte aussi sur les mutations contemporaines de la communication et les effets pervers induits quant aux modalités...
Un centre de loisirs ouverts à tous, handicapés ou pas (35)
Accueillir des enfants quelle que soient leurs déficiences, mélanger valides et handicapés : de plus en plus d’Accueil collectif de mineurs sont confrontés à cette question. Pendant que les uns s’interrogent, Loisirs Pluriel le fait depuis vingt ans. Beaucoup de structures proposant leurs services aux personnes porteuses de handicap, sont le fruit de la mobilisation de familles cherchant à créer...
Écrasons l’infâme
Dix jours après l’assassinat de Samuel Paty, la colère ne s’apaise pas. Au-delà de la peine, de l’effroi et du ressentiment qui animent bien d’entre nous, ce qui se joue c’est la détermination à surtout ne pas baisser la tête et à résister à ce fanatisme qui est passé à l’acte. Pour autant, même si les travailleurs sociaux font partie des cibles potentielles désignées par DESH, nous devons ...
Avant de choisir son bulletin de vote
dans Articles
Six votes d’hier Le 20 juillet 2023, les députés du Rassemblement national votaient contre l’augmentation du Smic et l’indexation des salaires sur l’inflation, le 21 juillet 2023, contre le gel des loyers et le 23 juillet 2023 contre le rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune. Le 25 juillet 2023, ils se sont abstenus sur la création d’une garantie d’autonomie pour les étudiants et la ...
Dur, dur, d’être Directeur
Il arrive aux meilleurs de connaître des revers de destinée. La mauvaise passe traversée par Pascal Vivet ne l’empêche pas de garder un regard critique sur les mutations en cours. On connaissait le Pascal Vivet, coauteur avec Stanislas Tomkiewicz du célèbre « Aimez mal et châtiez bien », premier ouvrage à dénoncer en 1991 les maltraitances institutionnelles (à une époque où cela n’était pas encore ...




Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

SE PROCURE LE LIVRE


« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org