Urgences. Hôpital en danger
Huon Hugo et le Collectif inter urgences, Éd. Albin Michel, 2020, 332 p.
Le 18 mars 2019, commençait le mouvement de grève illimitée des Urgences de l’hôpital Saint-Antoine, progressivement rejoint par 270 autres services à travers la France. Il faut lire ces témoignages d’une vingtaine de soignants qui, refusant de travailler dans des conditions délabrées et dégradées, insatisfaisantes et insécurisantes, se sont battus pour nous qui sommes toutes et tous des malades en puissance.
Si les agressions verbales et physiques provenant de patients fragilisés par l’état d’ébriété ou de démence, les troubles cognitifs ou psychiatriques ne sont acceptables, elles peuvent s’expliquer. Mais quand elles sont le produit d’heures d’attente sans interlocuteurs disponibles pour rassurer, informer et sécuriser, la responsabilité des saboteurs de l’hôpital public est engagée.
Personnes âgées abandonnées pendant des heures sur des brancards au point d’uriner sur elles ; êtres humains en train de décéder sans que personne n’ait le temps de leur tenir la main ; stagnation des patients restant un temps infini du fait de l’indisponibilité des lits d’aval dans les services ; recherche permanente de solutions pour pallier les manques, l’activité incessante sous le flux tendu des arrivées ; réadmission après que les suites ambulatoires en post-opératoire se soient aggravées par retour trop rapide à domicile … C’est effarant et pourtant si fréquent.
Les urgences constituent le dernier espace d’accueil ouvert toute l’année, 24 heures sur 24, accueillant sans condition les sdf ou les femmes victimes de violence, les patients les plus précaires ne pouvant avancer le montant de la consultation d’un généraliste ou tout simplement celui ne voulant pas attendre plusieurs mois avant d’obtenir une consultation chez un spécialiste. Ils ne sont pas près de désemplir !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1273 ■ 12/05/2020