SCIENCES HUMAINES
Mourir de dire la honte
CYRULNIK Boris, éd. Odile Jacob, 2010, 260 p.
La honte est un sentiment poison, un abcès de l’âme qui, pourtant, n’a rien d’irrémédiable. C’est ce que nous explique Boris Cyrulnik qui nous propose ici un brillant essai, écrit de main de maître, dans son style inimitable qui fait virevolter les concepts et les illustrations concrètes. Que nous dit-il ? Que ce ressenti a directement à voir avec nos rapports à autrui. Il prend sa source dans l’empathie, cette capacité à se représenter soi, parmi les autres. Si cette compétence nous fragilise
Vaincre sa culpabilité
TEILLAC Martine, éd. Du Toucan, 2009, 239 p.
La culpabilité est une morsure de l’âme qui nous habite de la naissance jusqu’à notre mort. Mais, c’est le prix à payer pour la conscience de nous-mêmes, affirme Martine Teillac qui consacre tout le début de son ouvrage à reconstituer la chronologie de la façon dont ce sentiment a été pensé. Cela commence par la philosophie platonicienne qui nous invite à devenir sage : en nous libérant de nos passions, nous éviterons le sentiment d’avoir commis une faute. Pour Saint Augustin, l’homme naît de toute
Penser à partir de la pratique - Rencontre avec Alain-Noël Henri
OMAY Oguz & GAILLARD Georges, Erès, 2009, 221 p.
Alain-Noël fait partie de ces personnalités du social qui ont œuvré pendant près de cinquante années auprès des professionnels, sans que leur action ne soit reconnue au-delà du secteur géographique où ils ont agi. Ce livre d’entretiens menés par un psychiatre et un psychologue permet de découvrir le cheminement d’un acteur et d’un sage animés d’une grande liberté de parole et de pensée. Philosophe et psychanalyste, il a failli devenir éducateur à l’éducation surveillée, avant d’opter pour
Le bêtisier du sociologue
HEINICH Nathalie, Hourvari, 2009, 154 p.
La sociologie a pour fonction de décrire et d’analyser, pas de former un jugement et encore moins un avis. Le sociologue explique ce qu’il ressent de la réalité. Il dérape, quand il affirme ce qu’elle doit être et échoue dans sa mission quand il affirme ce qu’il croit qu’elle doit être. Nathalie Heiniche n’est guère conciliante avec sa propre discipline, n’hésitant pas à dénoncer les coteries d’un monde universitaire qui stigmatise toute volonté de pluralisme et toute tentative de pensée buissonnière
Le crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne
Onfray Michel, Grasset, 2010, 613 p.
Pauvre Freud ! La statue du commandeur vacille et les psychanalystes se déchaînent, ne sachant que jouer aux vierges effarouchées, drapées dans la toge de la vertu, en considérant toute critique comme une offensive du libéralisme contre la seule pensée émancipatrice digne de ce nom : la leur. Il est vrai que Michel Onfray n’y va pas de main morte. Décryptage de l’élaboration d’un corpus conceptuel qui ne fait aucune concession à l’hagiographie dominante, analyse humaine d’un personnage marqué par son temps
Un monde sans fous
BORREL Philippe, éditions Champ Social, 2010, 174 p.
Les années 1970/1980 auront été marquées par une formidable créativité de la psychiatrie. La sortie des malades mentaux des asiles qui les enfermaient jusque là, constitua une occasion unique des les soigner au plus proche de leur lieu d’habitation et de leur vie sociale. Encore aurait-il fallu que des dispositifs alternatifs les accueillent. Mais les 50.000 lits qui auront été fermés, depuis 1980, n’ont été relayés que par des familles très vite épuisées et la rue où les malades mentaux se
Histoire de la folie de l’antiquité à nos jours
QUETEL Claude, éditions Taillandier, 2009, 620 p.
La poursuite de la folie à travers les âges, que nous propose Claude Quetel, remet en cause bien des idées reçues. La maladie mentale a existé à toutes les époques. Il n’y a pas de société sans fous. On en trouve la trace historique, dès l’antiquité. Le souci récurrent de la soigner a toujours mobilisé tant la médecine que le magique. L’imaginaire humain sut faire appel à une diversité de méthodes, mettant en jeu aussi bien les médicaments, que des thérapies par la parole ou d’autres média
Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe
VAN DE VELDE Cécile, Puf, 2008, 278 p.
Les frontières entre l’adolescence et l’âge adulte sont devenues floues. La jeunesse apparaît mouvante et réversible, alors que, dans le même temps, la période où l’on peut pleinement s’assumer, semble de plus en plus retardé et inaccessible. L’imprégnation culturelle complexifie encore cette phase de transition. C’est ce que Cécile Van de Velde nous illustre ici, dans une étude passionnante qui compare les modalités de passage à l’âge adulte, dans quatre pays d’Europe. Première nation étudiée, le
Je viens de toutes mes enfances
SALOMÉ Jacques, Albin Michel, 2009, 309 p.
Émouvants parfois, hilarants souvent, sensibles toujours, les souvenirs d’enfance que nous livre ici Jacques Salomé ne se limitent pourtant pas à un simple retour nostalgique sur les débuts d’une vie. Fidèle à la soixantaine d’ouvrages qu’il a déjà publiés, le célèbre psychosociologue applique les axiomes qu’il n’a cessés de démontrer tout au long de sa carrière. Persuadé que notre devenir d’adulte plonge ses racines au plus profond de nos premières années d’existence, il nous invite à rechercher
Pont-Piétin, un hôpital-village
DOSSAL Philippe, Siloë, 2009, 64 p.
Écrivain et journaliste, Philippe Dossal a coordonné cet ouvrage regroupant les témoignages de différents acteurs (assistant social, cadres soignants et administratifs) et des photos tant contemporaines qu’anciennes retraçant l’étonnante aventure de cet hôpital psychiatrique. Aux lendemains de la seconde guerre mondiale, un besoin se fait sentir dans ce qui est encore nommé la Loire inférieure (rebaptisée Loire Atlantique en 1957) : près de 40% de ses malades mentaux sont hospitalisés hors du département