Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

Le quai de Ouistreham

AUBENAS Florence, Éd. de l’Olivier, 2010, 270 p.

On se rappelle d’elle, comme otage cinq mois durant, en Irak, en 2005. A peine libérée, elle publie le reportage sur l’affaire d’Outreau qu’elle avait presque terminé avant d’être kidnappée (« La méprise » cf. LS n°776). Et puis, la voilà qui informe son entourage de son absence, pour quelques mois, explication peu étonnante, pour un grand reporter. On connaissait Günter Wallraff, ce journaliste allemand qui avait vécu, en 1985, deux ans durant dans la peau d’un travailleur turc (« Tête de Turc

En lire plus

Le travail, non merci !

DORIVAL Camille, Ed. Alternatives Economiques, 2011, 210 p.

Voilà un ouvrage bien écrit et fort bien documenté qui permet au lecteur d’entrer dans toute la complexité du malaise qui affecte notre rapport au travail. Il présente avec concision et précision les différentes thèses et donne la parole à plusieurs témoins qui refusent le paradigme dominant. Il pose d’emblée les termes du débat de façon contradictoire. D’un côté, il y a l’effritement, depuis quarante ans, d’une norme qui a longtemps privilégié la stabilité, le temps plein et les

En lire plus

L’âge de l’empathie. Leçons de la nature pour une société solidaire

DE WAAL Franz, Editions Les liens qui libèrent, 2010, 391 p.

L’espèce humaine constitue un groupe d’animaux coopérants, sensibles à l’injustice, parfois bellicistes, mais essentiellement pacifistes. Elle est composée d’individus pouvant être décrits soit comme des êtres dépendant les uns des autres, mais devant combattre leurs pulsions agressives égocentriques ; soit comme des sujets en compétition, mais dotés de grandes capacités de compassion. C’est ce double visage, à la fois social et égoïste, que nous décrit ici Franz de Waal

En lire plus

L’empathie au cœur du jeu social

TISSERON Serge, Albin Michel, 2010, 226 p.

La capacité d’empathie est inhérente à l’espèce humaine, même si ses membres gardent le contrôle de son utilisation. L’individu acquière progressivement l’aptitude à se préoccuper d’autrui : c’est vers quatre ans, que l’enfant réussit vraiment à se faire une idée de ce que l’autre pense ou ressent et qu’il arrive à se mettre à sa place. Mais, s’il ne s’agit que de percevoir un ressenti, on ne dépasse pas alors le stade de la contagion émotive. Celle-ci peut être partiellement inhibée, à l’image du

En lire plus

Le rire du travailleur social. Pratiques de l’humour. Humour de la pratique

MOREL Didier (coordination), Le Sociographe n°33 ; septembre 2010, 128 p.

L’exercice du métier de travailleur social exige de ne pas tout prendre au sérieux, ni au pied de la lettre. Aussi, la question qui traverse le numéro 33 du Sociographe n’est-elle pas « y a-t-il une place pour l’humour dans le travail social ? », mais bien plutôt : « peut-on concevoir une approche relationnelle, sans humour ? ». Encore faut-il savoir de quel rire on parle, tant celui-ci peut être autant salvateur que destructeur. Si l’humour est finesse et esprit, il

En lire plus

De l’humour et du rire dans le travail social

BOUQUET Brigitte & RIFFAULT Jacques (coordonné par), Vie Sociale n°2/2010 117 p.

Face à l’accroissement de la précarité, à la pression de la demande sociale, à l’exigence managériale, à l’allongement des lignes hiérarchiques et aux injonctions paradoxales, les travailleurs sociaux auraient toutes les raisons de s’enfermer dans le registre triste et mortifère de la doléance et de la plainte. Pour se protéger de l’usure et affronter aux mieux toutes ces difficultés qui s’accumulent, ils disposent d’un certain nombre de ressources. L’une

En lire plus

Pourquoi nous n’aimons pas la démocratie

REVAULT D’ALLONNES Myriam, Seuil, 2010, 148 p.

Si la fonction de la philosophie consiste bien à nous faire réfléchir, en nous aidant à opérer un pas de côté, l’ouvrage de Myriam Revault d’Allonnes atteint pleinement son objectif. Il ne faut guère de temps pour que les peuples se lassent de la démocratie, après s’être battu pour l’obtenir : désaffection lors des élections, sentiment d’avoir été trompé, impression que tous les élus sont pourris... L’auteur nous propose une explication des plus pertinente à ce mécanisme récurrent. Tout pouvoir

En lire plus

État de vigilance. Critique de la banalité sécuritaire

FŒSSEL Mickaël, Editions Les Bords de l’Eau, 2010, 151 p.

Nos sociétés contemporaines se caractérisent par un désir de murs, murs qui ne se contentent pas de défendre contre un extérieur perçu comme menaçant, mais qui façonnent tout autant les identités de l’intérieur. Cet état de vigilance s’avère autant entretenu par des politiciens qui placent la banalité sécuritaire au cœur de leur légitimité, que désiré par des citoyens animés par la peur d’autrui. Dans le même temps, il est paradoxal de vouloir à la fois se protéger des étrangers et

En lire plus

Pourquoi désobéir en démocratie ?

OGIEN Albert & LANGIER Sandra, La Découverte, 2010, 212 p.

Refuser d’appliquer une loi démocratiquement votée constitue une menace contre le principe même de la démocratie, sauf quand s’opposer au choix de la majorité apparaît comme l’ultime moyen de combattre l’abjection. Face à la multiplication des appels à la désobéissance civile, deux réflexions nous sont proposées ici. La philosophe Sandra Laugier l’affirme d’emblée : la démocratie s’affaiblit, quand elle étouffe les revendications minoritaires et se grandit quand elle garantit

En lire plus

Les refusants. Comment refuse-t-on de devenir un exécuteur

BRETON Philippe, La découverte, 2009, 250 p.

Il s’appelle Heinz Buchmann. Ce lieutenant de la police allemande refusera en 1943 de participer aux massacres de juifs, en Pologne. Il s’appelle Noël Favrelière. Ce sergent de l’armée française déserte le 26 août 1956, pour ne pas être complice de l’exécution de suspects algériens. Il s’appelle Hugh Thomson. Ce lieutenant de l’armée américaine, pilote d’hélicoptère interviendra pour faire cesser le massacre des habitants du village de My Laï, le 16 mars 1968. Il s’appelle Jean-Baptiste Munyankore

En lire plus