Les publications en sciences humaines sont nombreuses et d’une richesse impressionnante.La lecture de centaines d’ouvrages a constitué, à chaque fois, un moment de plaisir et de grande satisfaction intellectuelle. J'espère que l’internaute trouve dans ces critiques l’envie de se plonger, à son tour, dans ces livres

Les migrants de Calais: enquête sur la vie en transit

DJIGO Sophie, Ed. Agone, 2016, 210 p.

Sophie Djigo est allée sur place les rencontrer ces migrants de Calais, ces militants qui les soutiennent, ces populations qui les côtoient. L’ouvrage passionnant qu’elle nous propose combine le reportage, le recueil de témoignages et l’essai réflexif sur une problématique qui salit notre république réputée patrie des droits de l’homme. Méthodiquement, l’auteur s’attaque aux stéréotypes. Peut-on imaginer que ce serait par choix que ces migrants subissent une vie hors de toute limite de décence, sans

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Définir les réfugiés

AGIER Michel, Ed. PUF, 2017, 116 p.

L’histoire est longue de l’introuvable définition du réfugié. Sans doute parce que ce n’est pas une identité, mais une catégorie institutionnelle construite artificiellement qui se transforme sans cesse, au fils du temps, au gré des priorités politiques nationales et des changements de rapports de force internationaux. L’octroi de l’asile ou de la qualité de réfugié relève bien plus d’une prérogative de l’État qui définit, à un moment donné et pour les raisons qui lui sont propres, une politique migratoire

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Exposés aux violences conjugales, les enfants de l’oubli

ZAOUCHE-GAUDRON Chantal, FLORES Jean-Jacques, JASPART Coline, PAUL Olivia, SAVARD Nathalie, Ed. érès, 2016, 130 p.

Tous les enfants ont besoin, pour bien grandir, d’un espace aimant et sécurisant leur garantissant des repères stables. Ce n’est pas exactement ce qui se passe dans les familles confrontées aux violences conjugales. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient exposés directement à la vue des coups pour vivre une situation traumatisante. Entendre des mots prononcés, percevoir leur intensité, leur violence, les cris, les bruits

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La paix des ménages. Histoire des violences conjugales XIX au XXI siècle

VANNEAU Victoria, Ed. Anomosa, 2016, 363 p.

La puissance maritale s’imposant aux femmes comme aux enfants a longtemps été la norme incontestée. Proverbes, brocards, pièces de théâtre, chansons sont nombreux qui contribuent alors à pérenniser l’idée d’un droit de correction du mari sur son épouse, fondé sur la nature des choses. La tradition s’effrite toutefois à la révolution. Même si l’article 213 du Code civil édicté en 1804 valide la dépendance de la femme à l’autorité domestique du mari (aboli seulement entre les deux guerres) et même si

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Sentiment amoureux et conjugalité violente. Du meilleur au pire

CONDOMINAS Cécile, Ed. L’Harmattan, 2016, 189 p.

Deux lectures opposées cherchent à interpréter les ressorts de la passivité de certaines femmes face aux violences conjugales. La première privilégie une emprise de l’agresseur prenant la forme de l’effraction (invasion du territoire de sa proie), de la captation (son isolement) et de la programmation (son dressage). La seconde lecture accuse la femme de complicité active (provocation et incitation) ou passive (intériorisation de la domination patriarcale). Cécile Condominas propose une piste

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Sortir de la maltraitance. Violences conjugales: résister c’est comprendre, c’est agir

LOMBARDI Edith, Ed. L’Harmattan, 2016, 211 p.

Aussi loin que la mémoire humaine remonte, les femmes ont toujours été assujetties et considérées comme un bien précieux en tant que reproductrices de l’espèce. Loin de changer la donne, le premier Code civil à avoir été édicté, celui de Napoléon (1805), les prive de tout droit juridique, les rabaissant au niveau des mineurs, des criminels et des débiles mentaux. C’est très progressivement qu’elles vont conquérir leurs droits : disposer de leur salaire (1907), passer contrat et s’inscrire à

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Nos mythologies économiques

LAURENT Eloi, Ed. LLL, 2016, 102 p.

Le néo-libéralisme s’est cristallisé au coeur de l’Union européenne, contre la pensée keynésienne et l’État providence, en s’appuyant sur toute une série de mythes économiques, nous explique Eloi Laurent. L’État s’oppose à la spontanéité du marché ? Faux. Plus la régulation publique est forte, plus les marchés sont dynamiques. Les contempteurs de la libre concurrence n’ont guère protesté, quand la Banque centrale européenne a mis 1.000 milliards de liquidité à disposition des grands groupes financiers

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Rester délinquant. Comprendre le parcours des jeunes récidivistes

DUVANEL Géraldine, Ed. L’Harmattan, 2016, 222 p.

L’expérimentation des pratiques délinquantes est le lot de nombreux jeunes. La récurrence, la chronicité et la récidive transgressives sont beaucoup plus rares. En comprendre les ressorts constitue un précieux outil de prévention. On ne peut se contenter de placer le curseur à mi-chemin entre le sujet seul responsable de ses actes et le mineur victime du contexte sociétal. Le jeune dont l’engagement délictuel perdure se construit un parcours personnel qui constitue l’une des seules manières

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Dans la peau d’un maton

FRAYER Arthur, Ed. J’ai lu, 2012, 384 p.

Comment un journaliste peut-il réussir à écrire un livre sur le milieu carcéral, en dépassant la censure de l’administration pénitentiaire ? S’il se contente de déposer une demande officielle pour y entrer, son ambition risque d’être refroidie. Par contre, s’il s’inscrit au concours de surveillant, s’il suit la formation à sa nouvelle fonction et  s’il entre en détention sous l’uniforme, ce sera bien plus aisé. C’est cette folle immersion que nous propose Arthur Frayer qui nous entraîne derrière les

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Punir. Une passion contemporaine

FASSIN Didier, Ed. Seuil, 2017, 203 p.

L’inflation s’est emparée d’une France qui a vu, en plus de 60 ans, sa démographie carcérale se multiplier par 3,5. Plusieurs explications sont possibles : une sensibilité plus forte aux illégalismes avec un seuil de tolérance plus bas, mais aussi un renforcement du discours politique sécuritaire permettant de dissimuler les faibles performances en matière d’égalité sociale. Résultat : on enferme plus souvent, plus longtemps pour les mêmes infractions. S’il est vrai que toutes les sociétés ont toujours

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